vendredi 1 mai 2009

Pourquoi le pape ne s'excuse pas?

Cette semaine, une délégation de l'Assemblée des Premières Nations a rencontré la pape, une mission organisée dans le but d'obtenir des excuses officielles de l'Église catholique pour les sévices subis par les enfants autochtones ayant fréquenté les pensionnats indiens à la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1970. Les faits sont troublants. Des milliers d'enfants ont été maltraités et ont été victimes de sévices corporelles et sexuelles dans ces pensionnats, dont la mission principale était l'assimilation de ces "sauvages" que le gouvernement souhaitait voir disparaître. La plupart de ces sévices ont été l'œuvre de curés qui étaient ouvertement raciste à l'égard des Premières Nations.

Au Québec, plus de 15 000 personnes ont connu cette période tragique, ont été arrachées de leur famille dès l’âge de 7 ans, pour être transportées dans un pensionnat, où elles devaient rester dix mois par année. L’objectif, clair et avoué, était d’assimiler le jeune autochtone à la société canadienne. La méthode était catégorique et cruelle. Les punitions physiques étaient fréquentes et atteignaient souvent des proportions inacceptables. Plusieurs y ont même perdu la vie.

Rapidement, les autorités des pensionnats ont réussi à instaurer chez ces enfants la honte d’être issus d’une Première Nation, d’être ce qu’ils sont. Leurs parents ont aussi développé la honte et le désarroi.

Les pensionnats ont laissé des traces importantes. Ses effets dévastateurs sont perceptibles dans plusieurs communautés.

Les victimes des pensionnats ne sont donc pas seulement celles qui y ont vécu. Beaucoup de personnes ont souffert et souffrent encore même si elles n’ont jamais fréquenté ces endroits. La douleur, la haine, la colère et l’incompréhension se transfèrent d’une génération à l’autre.

Reconnaissant ces faits et les torts causés, le gouvernement canadien a récemment formulé des excuses officielles au nom de la population canadienne. De son côté, le pape exprime des "regrets" mais ne s'excuse pas (lire l'article du Devoir)... pourquoi?