jeudi 15 octobre 2009

Nouveau site

Bonjour,

j'ai une bonne et une mauvaise nouvelles...

La mauvaise, c'est que vous ne lirez plus de blogue sur ce site. (Je rappelle qu'il s'agissait d'un site d'essai, question de me faire la main).

La bonne nouvelle c'est que vous pourrez lire plus de blogues, de différents auteurs, ainsi qu'avoir accès à plein de nouvelles, sur notre tout nouveau site de Cardinal Communication.

Venez nous voir!

Éric

mercredi 7 octobre 2009

Pourquoi des Autochtones aux élections municipales?


Plusieurs Autochtones ont brigué les suffrages dans le cadre des présentes élections municipales. Le phénomène est nouveau et a été rendu possible en raison d'une récente décision du Directeur général des élections d'ajouter sur les listes électorales municipales, les membres de communautés autochtones n'ayant pas le statut officiel de "réserve".

Conséquemment, un Algonquin, membre de la communauté de Lac-Barrière, a été officiellement élu cette semaine maire de la municipalité de Kipawa, en Abitibi-Témiscamingue.

J'imagine que ce candidat et les autres (notamment à Sept-Iles et en Gaspésie), posent se geste afin de réaliser un "stunt" politique, question de choquer l'opinion publique et de marquer, par l'absurde, leur affirmation nationale.

Autrement, ce serait une véritable aberration. Les Algonquins forment un peuple, une nation reconnue par l'Assemblée nationale du Québec et souhaitent entretenir avec la nation québécoise une relation de "nation à nation". Or, les municipalités sont des créatures de l'Assemblée nationale... des Québécois. Si les Algonquins veulent s'affirmer comme une nation distincte, ils ne devraient pas participer aux élections municipales.

D'aucuns me diront que des souverainistes québécois se présentent aux élections fédérales (le Bloc Québécois)...

lundi 28 septembre 2009

La dignité pour le peuple invisible


Amnistie internationale vient de lancer une campagne mondiale sur le thème « Exigeons la dignité ». Cette campagne aborde entre autres la question du logement mais également des droits fonciers des peuples autochtones.

Pour la première fois, les sections canadiennes anglophone et francophone ont été mises à contribution afin de documenter 4 cas de violation de droits fonciers impliquant des communautés autochtones au Canada (Colombie-Britannique, Manitoba, Ontario et Québec).

En cliquant ici, vous aurez accès à la documentation relative au cas du Québec : les Algonquins de Winneway (Long Point First Nation, en Abitibi-Témiscamingue), cas sur lequel Aministie Internationale a plus particulièrement travaillé. Le cas de Winneway est d'ailleurs intéressant et, surtout, représentatif de l'injustice dont sont victimes les Algonquins depuis des siècles.

Ceux que le chanteur Richard Desjardins a appelé le "peuple invisible", sont en effet parmi les peuples autochtones les plus injustement traités au Canada. Vous connaissez probablement le cas de Kitcisakik, une communauté possédant ni eau potable, ni électricité; considérée comme des squatteurs sur leur propre territoire.

Winneway subi depuis longtemps le mépris des autorités gouvernementales et entreprises privées, notamment à l'égard du développement forestier. Depuis des années, les compagnies forestières, avec la bénédiction du gouvernement québécois, exploitent les forêts sur le territoire ancestral des Algonquins de Winneway, sans se soucier de leurs droits et de leurs intérêts.

Bravo à Amnistie internationale!

mardi 15 septembre 2009

Une mauvaise chronique


J'ai failli m'étouffer ce matin en lisant la chronique de Lysiane Gagnon dans La Presse (Deux mauvais choix de Harper). Pour dénoncer la nomination de Patrick Brazeau, l'ancien chef du Congrès des peuples autochtones (elle écrit "Congrès des peuples aborigènes"!), elle se sert d'un certain nombre de grossiers préjugés et d'un ton franchement condescendant. Notamment, elle n'emploi aucunement le terme "autochtone" ou "première nation", mais utilise plutôt le terme péjoratif "indien" qui, comme on le sait, peut être tout aussi insultant pour un Autochtone que l'utilisation du terme "nègre"...

Elle nous sert les vieux préjugés des "chefs de bande corrompus" et des Autochtones dépendants à l'alcool et à l'aide sociale. Pour elle, les Autochtones "s'enfoncent dans l'alcool et dans le trou sans fond de l'aide sociale"!

Que M. Brazeau ait fraudé le gouvernement canadien (c'est ce qu'elle prétend dans sa chronique), est une chose; mais quel est le rapport entre cette prétendue fraude d'un individu et les problèmes socioéconomiques que vivent les membres des Premières Nations? Il n'y en a aucun, sauf pour celui (ou celle) qui veut généraliser et classer les Autochtones dans la case des "profiteurs" et, tant qu'à y être de "sauvages"!

lundi 14 septembre 2009

Les Premières Nations au Moulin


Les Premières Nations étaient présentes et bien représentées lors de l'événement Le Moulin à paroles, qui a e lieu sur les Plaines d'Abraham en fin de semaine. On y a vu notamment le Grand Chef Wendat Konrad Sioui (sur la photo). Alors que plusieurs lisaient des textes à connotation "nationaliste" et faisaient l'éloge de la survie de la langue française et de la culture québécoise (ou canadienne française), les Premières Nations ont profité de l'occasion pour rappeler qu'elles étaient ici avant...

Dans des discours qui affirmaient leur propre nationalisme, les Premières Nations sont en effet venues rappeler qu'elles occupaient et possédaient ce territoire bien avec le débarquement des Français et de Anglais. Ghislain Picard, le Chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador a notamment déclaré : "Il faut bien se rappeler ce qu’était le Canada avant l’immigration des colons français et anglais. Bien avant l’arrivée des Européens, l’Amérique du Nord était occupée par de nombreuses nations, établies dans diverses régions de la côte et à l’intérieur des terres. Ces territoires, nous les occupions depuis plus de 4000 ans. Mon peuple, les Innus, tout comme plusieurs autres Premières Nations, n’a jamais été conquis et n’a jamais renoncé à ces territoires. Notre seul péché est d’avoir consentis, il y a maintenant 400 ans, à quelques accommodements raisonnables."

On connait la suite...

mercredi 2 septembre 2009

Le projet de mine Osisko enfreint les droits des Algonquins


Le projet de mine Osisko enfreint les droits ancestraux des Algonquins, c'est écrit dans le ciel - ou plutôt, c'est écrit dans le sol.

Les faits: une entreprise privée, Osisko, veut exploiter une immense mine d'or à Malartic, en Abitibi-Témiscamingue. Pour ce faire, elle a fait toutes les demandes et respecté toutes les obligations prévues aux lois québécoises et canadiennes. Elle a aussi tenu différentes consultations, notamment avec différents intérêts régionaux. Elle a même invité les communautés algonquines de la région à exprimer leurs inquiétudes, comme elle l'a fait avec d'autrs "utilisateurs du territoire".

Le gouvernement du Québec a récemment (le 19 août) donné le feu vert au projet. Lors de l'annonce officielle, figurait le ministre Pierre Corbeil à titre de ministre responsable de la région... et qui est également ministre des Affaires autochtones!

Le problème: il n'y a eu aucune consultation spécifique menée auprès des communautés algonquines qui détiennent sur ce territoire des droits ancestraux et un titre aborigène - non-prouvés mais vraisemblables (selon moi, les Algonquins sont d'ailleurs les mieux placés au Québec pour faire la preuve d'un titre aborigène sur leur territoire ancestral).

Le défaut légal: il existe, en droit canadien, une règle juridique (décrétée et confirmée par la Cour suprême) à l'effet que les gouvernements ont l'obligation "de consulter et d'accommoder" tout groupe autochtone, possédant "un droit ancestral potentiel" avant tout projet qui risquerait d'affecter ce droit.

Or, c'est exactement le cas ici. Le gouvernement du Québec a octroyé un droit d'exploitation minière sans respecter son obligation de consulter et d'accommoder les algonquins concernés. Il s'en trouvera bien quelques-uns pour dénoncer l'attitude des Algonquins qui vont ainsi "bloquer un projet de développement important pour la région"... pourtant, nous vivons dans une société de droit et il serait simplement "normal" que les gouvernements respectent leurs obligations légales à l'égard des Premières Nations.

lundi 31 août 2009

Une maison à Ottawa pour les chefs?


Je reviens de vacances...
La semaine dernière, sur la Côte-Nord, j'ai entendu une rumeur qui circule à l'effet que les Chefs des Premières Nations possèdent tous des maisons (payées par le gouvernement fédéral, évidemment) à Ottawa !? On m'a dit que cette histoire circule depuis des années.

C'est la première fois que j'entends parler de cette rumeur. Je ne sais pas quelle est l'origine mais je me doute bien que c'est basé sur le préjugé selon lequel les "Indiens" (et surtou les Chefs Indiens) sont "grassement enrichis par les gouvernements (surtout, par les impôts des honnêtes contribuables canadiens) et jouissent de nombreux privilèges".

Évidemment, tout cela tient de la pure fantaisie et de tenaces préjugés. Et, même si j'étais convaincu de la stupidité d'une telle rumeur, j'ai fait quelques vérifications. Or, selon mes sources, aucun chef de Premières nations ne possède de maison à Ottawa. Tout ce que j'ai pu trouver, ce sont quelques avantages matériels consentis à certains chefs en vertu de certains traités historiques... tels que l'achat d'un complet neuf par année et le versement d'une rente annuelle de 5$ (mais ces dispositions n'ont pour la plupart pas été respectées par le gouvernement) !

Si quelqu'un connaît d'autres informations à ce sujet, je serais très intéressé de l'apprendre...

dimanche 9 août 2009

Populations ou peuples autochtones ? !


Aujourd'hui, 9 août, c'est la Journée internationale des populations autochtones. Cette Journée des populations autochtones a été décrétée par l'ONU en 1994 afin de souligner la création (le 9 août 1982) du Groupe de travail sur les populations autochtones (de la Sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et la protection des minorités de la Commission des droits de l'Homme!) de l'ONU.

Vous aurez compris que population n'a pas le même sens que peuple, surtout dans le contexte de l'ONU. La Charte des Nations-Unies affirme que tous les peuples sont égaux et possèdent tous le droit à l'autodétermination.

Heureusement, depuis quelques années, l'ONU a commencé à modifier son vocabulaire et à utiliser l'expression "peuples autochtones". C'est notamment le cas dans la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, dont nous célèbrerons le 2e anniversaire le 13 septembre prochain. Je suis convaincu qu'avec le temps, nous oublierons le 9 août et que nous célèbrerons la véritable Journée des peuples autochtones... le 13 septembre!

mercredi 5 août 2009

Autre constat sur l'enfance désavantagée


Nous le savions mais Statistique Canada vient de publier les résutlats d'une étude qui confirme que les enfants autochtones sont nettement désavantagés par rapport aux autres enfants canadiens. En plus des problèmes de santé et sociaux déjà connus, l'étude démontre que les enfants autochtones " sont plus susceptibles de naître dans une famille à faible revenu, de vivre dans un logement en maucais état ou de vivre avec un seul parent que les autres enfants".

Ce n'est pas ce constat qui est troublant mais la réaction des gouvernements qui ne font rien pour changer la situation. Non seulement les communautés autochtones n'ont pas les ressources nécessaires pour diminuer cet écart, elles doivent souvent composer avec des ressources moindres que ce qui est disponible pour le reste de la population.

Prenez l'exemple de l'éducation: un enfant autochtone reçoit presque de 2 fois moins de financement (pour les services d'éducation dans les communautés) que les autres enfants fréquentant les écoles du réseau publi québécois. Pourquoi? Parce que le financement des écoles des Premières Nations vient du gouvernement fédéral (contrairement aux autres écoles qui sont financées par le gouvernement provincial), et que celui-ci affirme qu'il donne déjà beaucoup d'argent aux Premières Nations. Il leur impose même, depuis près de 15 ans, un plafond de 2% d'augmentation par année... ne tenant pas compte de l'explosion démographique, de l'inflation et de l'augmentation des coûts!

Les enfants autochtones méritent mieux...

vendredi 24 juillet 2009

APN: la nuit des longs couteaux


L'élection du nouveau Chef national de l'Assemblée des Premières Nations a été un véritable marathon ayant duré plus de 24 heures. La nuit du 22-23 juillet a été à la fois longue et courte. Évidemment, nous n'avons pas dormi. Entre chacun des tours, les équipes s'activaient à tenter de rallier des voteurs. Puisque les candidats étaient 50-50, l'objectif consistait à aller chercher le vote de l'adversaire tout en conservant ses appuis.

Pendant plusieurs tours, ce travail de lobby et d'influence s'est fait de façon professionnelle et respectueuse des personnes. Puis, la fatigue et le stress ont commencé à faire leur effet... le ton a soudain pris un tournant et les couteux sont sortis! C'est à ce moment que j'ai décroché.

De plus, même si l'élection de Shawn Atleo était évidente, Perry Bellegarde a décidé de s'accrocher et a refusé de concéder. Cette attitude lui a vallu de nombreuses critiques, surtout des Chefs du Québec. Elle lui a aussi fait perdre de nombreux appuis lors des derniers tours.

Heureusement, l'histoire s'est bien terminée. Après les résultats du 8e tour, Perry Bellegarde a dignement concédé la victoire et s'est rallié au vainqueur. Il a aussi lancé un appel clair à l'unité, rassurant ainsi ceux qui craignaient que la division du vote se matérialise en division réelle au sein de l'APN.

Il y aura toujours des mécontents, mais je suis convaincu que l'APN sort grandie de cette expérience... historique. À Shawn Atleo maintenant de démontrer que les Chefs ont eu raison de lui connfier leur appui.

mercredi 22 juillet 2009

Élection APN : les jeux sont faits


Hier, les candidats au poste de Chef national de l'Assemblée des Premières Nations se sont adressés aux Chefs et délégués. Perry Bellegarde a surement été celui ayant livré le meilleur discours, ce qui devrait lui permettre d'aller chercher des votes supplémentaires; probablement ceux perdus par John Beaucage, qui a livré un très mauvais discours. Shawn Atléo a été fidèle à lui même, ce qui lui permet de maintenir sa position de favori. À noter l'excellente performance de Terrance Nelson, qui a certainement gagné des votes, même s'il demeure un candidat secondaire... tout comme Bill wilson, qui n'a pas particulièrement brillé.

Les candidats ont aussi rencontré les différents caucus et multiplié les rencontres individuelles. On peut affirmer que les jeux sont faits. Aujourd'hui, c'est au tour des Chefs de s'exprimer en allant voter. Nous devrions connaître les résultats du 1er tour vers 13h (15h, heure de Montréal). Un 2e tour sera surement nécessaire, peut-être un 3e, le vainqueur devant receuillr 60% des voix.

mardi 21 juillet 2009

Un appui suprenant et intéressant de Stéphane Gendron


Le chroniqueur, animateur et maire d'Huntingdon, Stéphane Gendron, est souvent comparé à Gilles Proulx. Comme lui, il aime utiliser des expressions fortes pour exprimer son opinion. Il le fait généralement sans retenu. On le qualifie aussi de "populiste", tablant facilement sur les préjugés de l'opinion publique générale (contre les gouvernements, contre les chômeurs, etc.). On pourrait donc penser qu'il tomberait à bras raccourci sur les "Indiens", en les accusant de profiteurs du système et autres préjugés que l'on connait.

Or, ce n'est pas du tout le cas... et c'est même tout le contraire. Dans son billet d'aujourd'hui (Pour en finir avec la question amérindienne), Stéphane Gendron prend la parti des Premières Nations. Son billet est d'une grande lucidité et appel à réflexion. Je souhaite qu'il engendrera des retombées intéressantes.

lundi 20 juillet 2009

Qui succèdera à Phil Fontaine?

D'abord, mes excuses pour cette semaine d'inactivité... j'étais en congé!

Je suis sur le point de m'envoler pour Calgary, où aura lieu l'élection du nouveau Chef de l'Assemblée des Premières Nations. Les Chefs de toutes les communautés au Canada ont un droit de vote. Selon mes informateurs, la course pour la succession de Phil Fontaine (qui a décidé de ne pas se représenter) opposerai principalement Perry Bellegarde à Shawn Atleo.

Ayant été Chef de l'Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, où l'on retrouve plus de 200 communautés (et autant de votes!), plusieurs estiment que Shawn Atleo a une longueur d'avance. De son côté, Perry Bellegarde a été Chef de l'assemblée équivalente en Saskatchewan (Federation of Saskatchewan Indian Nations). Les deux ont ainsi une longue carrière politique derrière eux, mais possèdent des personnalités très différentes. Perry Bellegarde a certainement gagné de nombreux votes au cours des dernières semaines grâce à un grand talent d'orateur et sa facilité de communiquer, autant en français qu'en anglais.

Les autres candidats sont:
John Beaucage (Ontario)
Terrance Nelson (Manitoba)
Bill Wilson (Colombie-Britannique)

Pour plus d'info, voir le site Internet de l'APN.

lundi 6 juillet 2009

L'histoire Le Clézio: l'essentiel oublié


En lisant toute ce qui a été écrit sur la publication de la lettre de Le Clézio dans Le Monde (voir billet "La Romaine fait parler d'elle en Europe", ci-bas), j'éprouvais un malaise que je n'arrivais pas à identifier. En lisant la lettre-ouverte d'André Dudemaine (Terres En Vues) parue ce matin dans Le Devoir (Cachez cette poète que l'on ne saurait entendre), j'ai réalisé ce qu'était ce malaise: le fait que l'on ait évacué l'essentiel du propos de Le Clézio, c'est-à-dire l'appui de cet écrivain célèbre à la bataille d'une extraordinaire poète innue, Rita Mestokosho, pour la sauvegarde d'un patrimoine naturel du Nitassinan. J'ai lu plusieurs éditorialistes s'attaquer à Le Clézio et à sa manière d'écrire, mais personne n'a écrit au sujet de Mme Mestokosho et très peu (voire aucun) n'ont tenté de retrouver la position des Innus, pourtant le sujet principal de la lettre de Le Clézio!

Bravo à André Dudemaine! Je n'aurais pas mieux écrit.

Les résultats officiels à Kahnawake

Grand Chef:
Michael Delisle Jr. : 715
Warren Lahache : 449

Chefs:
Ken McComber : 684 réélu)
Rhonda Kirby : 593 (réélue)
Lloyd Phillips : 561 (élu)
Martin Leborgne : 544 (réélu)
Kahsennenhawe Sky-Deer : 495 (élue)
John Dee Delormier : 494 (réélu)
Mike Bush : 487 (réélu)
Johnny Montour : 483 (réélu)
Peggy Mayo-Standup : 478 (réélue)
Carl Horn : 473 (élu)
Kaniatari:io Gilbert : 421 (élu)

samedi 4 juillet 2009

Kahnawake vote pour la continuité... sans tenir compte de l'injonction


Les résultats de l'élection du Conseil Mohawk de Kahnawake sont tombés ce soir, vers 22h15. Selon ces résultats, la communauté mohawk aurait choisi la continuité en ré-élisant le Grand Chef Michael Delisle jr., qui défait ainsi l'aspirant Warren Lahache.

La plupart des membres du Conseil ont aussi été réélus, hormis une ou deux exceptions. À noter aussi le retour de deux anciens Chefs, Lloyd Philips et Kaniateri:io Gilbert.

Le mandat du CMK est de trois ans.

Reste à voir maintenant quel impact aura la décision de la Cour fédérale qui a ordonné une injonction afin d'obliger l'ajout d'un troisième candidat (le traditionnaliste Keith Myiow) au poste de Grand Chef. Le Conseil Mohawk et le directeur des élections de Kahnawake ont refusé de se plier à la décision du tribunal, affirmant que les lois de Kahnawake ont préséance sur celles du Canada. Et, selon les informations obtenues, cette injonction n'aurait eu aucun impact sur la participation au scrutin. M. Myiow soutient néanmoins qu'il ira plus loin dans ses recours afin de faire invalider l'élection.

Une histoire à suivre...

jeudi 2 juillet 2009

La Romaine fait parler d'elle en Europe...


Une lettre ouverte de Jean-Marie G. Le Clézio, écrivain et Prix Nobel de littérature (2009), publiée aujourd'hui dans le grand quotidien Français Le Monde sous le titre "Quel avenir pour la Romaine?", a embarrassé le premier ministre Jean Charest de passage à Paris. M. Le Clézio écrit "Avec cet art de la division qui caractérise la conquête des espaces naturels, Hydro-Québec a réussi à convaincre une partie de la tribu innue de recevoir des indemnités. L'on peut comprendre que, devant l'ampleur du projet et les intérêts économiques colossaux qui sont en jeu, certains puissent renoncer à se battre. Que vaut la parole d'un autochtone contre la puissance d'une multinationale ?"

Il affirme également que "la destruction de la rivière Romaine reste néanmoins un drame irréversible dont personne ne peut mesurer les conséquences".

En guise de réponse, le premier ministre Charest a brandi une lettre de François Bellefleur, chef de la communauté innue de Nutaskuan, qui salue le projet de la Romaine et l'entente conclue entre sa communauté et Hydro-Québec.

M. Charest oublie de dire que la nation innue est composée de 9 communautés et que la parole d'un Chef n'est pas nécessairement représentatif de toute la nation. Il ne dit pas non plus que d'autres Chefs sont carrément contre le projet (une communauté fait présentement une demande d'injonction en Cour supérieure du Québec) et que d'autres, bien que favorable au projet, ont aussi soulevé de sérieuses inquiétudes.

Nouvelle stratégie de développement minier: en contradiction avec les droits des Premières Nations


La nouvelle stratégie minérale présentée cette semaine par le gouvernement de Jean Charest n'est pas conforme avec l'état du droit actuel en ce qui concerne les Premières Nations. Encore une fois, le gouvernement fait comme si les Premières Nations ne possédaient pas de droits ancestraux sur le territoire du Québec. L'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador qualifie justement cette nouvelle politique gouvernementale de "opportunité manquée".

Le projet ne tient aucunement compte de l'existence sur le territoire de droits ancestraux protégés par la Constitution canadienne, notamment celui que l'on appelle le "titre aborigène", c'est-à-dire un droit au territoire lui-même (une forme d'usufruit), que plusieurs Premières Nations possèdent mais qui n'a pas encore fait l'objet d'une reconnaissance explicite par les gouvernement ou les tribunaux.

Aussi,la stratégie n'est pas tout à fait conforme à l'obligation constitutionnelle de la Couronne en matière de consultation et d'accommodation, telle que définie par le Cour suprême du Canada.

Enfin, le nouveau régime forestier serait en contradiction avec diverses dispositions internationales dont la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, la Convention 169 de l'Organisation internationale du Travail et le Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux.

Chose certaine, la stratégie place les Premières Nations au même niveau que les municipalités québécoises. Or, les Premières Nations, avec le droit des peuples à l'autodétermination et du droit à l'autonomie gouvernementale (reconnue par le gouvernement fédéral depuis le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones).

mardi 30 juin 2009

PN vs Canadiens: l'écart des conditions continue de s'élargir

Les enfants des Premières Nations continuent d'être nettement désavantagés par rapport au reste de la population, notamment en matière de santé et de mortalité infantile. C’est ce que confirme un récent rapport de l'UNICEF.

Selon ce rapport, un enfant de Première Nation sur quatre vit dans la pauvreté contre un sur neuf dans le reste de la population et la mortalité infantile y est deux à trois fois plus importante. Alors que le taux de mortalité infantile nationale est de 5 pour 1 000, il est de 8 pour 1 000 chez les Autochtones et de 16 pour 1 000 au Nunavut, où 85% de la population est inuite.

Le rapport de l’UNICEF démontre ainsi qu’il existe toujours d’importantes inégalités en matière de soins aux Premières Nations, alors que ces mêmes communautés sont déjà aux prises avec de mauvaises conditions sociales, résultats d’une longue politique de colonisation dont la pierre angulaire est la Loi sur les Indiens.

Le rapport nous indique notamment que le taux de vaccination des enfants vivant dans les réserves est de 20% inférieur à celui de la population générale ; et que de 33 à 45% des enfants de Première Nation ou inuits souffrent de maladies chroniques. Le taux de fécondité des adolescentes autochtones est en outre sept fois plus élevé que dans le reste de la population.

Le rapport conclu que « la situation des enfants des Premières nations, des Inuits et des Métis, reste deux à trois fois plus affligeante que celle des autres enfants canadiens ».

Ce constat n’est pas acceptable, en 2009, dans un pays qui se dit l’un des plus évolués de la planète.

dimanche 21 juin 2009

Bonne Journée nationale des Autochtones !

Aujourd'hui, 21 juin, est la Journée nationale des Autochtones. Cette journée est célébrée par de nombreuses communautés autochtones au Canada. Depuis trois ans, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a trouvé une façon originale de marquer cette Journée en organisant une activité de sensibilisation pour des représentants de groupes de la société civile québécoise. Cette activité, nommée "Journée portes ouvertes sur les Premières Nations" a eu lieu, cette année, à Trois-Rivières.

Une centaine de personnes ont participé à cet événement qui a été suivi par quelques médias. Voici l'article de L'Hebdo Journal.

lundi 15 juin 2009

Le Canada reconnaît le gouvernement autonome Cri

Le gouvernement du Canada vient d'adopter une loi qui confirme le statut de "gouvernement régional autonome" à l'Administration régionale Crie (ARC), une entité sous le contrôle du Grand Conseil des Cris. Il s'agit d'un pas de plus de la nation crie vers leur pleine autonomie politique... autrement dit de leur "souveraineté".

Il s'agit essentiellement de la même chose que réclament les chefs des autres Premières Nations du Québec qui, récemment, ont adopté une Déclaration sur un processus d'affirmation de la souveraineté. Par contre, ce qui a été reconnu ici aux Cris (et aux Inuits), ne l'est pas pour les autres nations autochtones. Même s'il apparaît évidemment que la solution à de nombreux problèmes passe par la conclusion d'ententes de type "Paix des Braves" avec toutes les nations autochtones, les gouvernements (autant le Québec que le Canada) refusent de s'engager dans cette voie. La raison officielle: ce type d'entente doit avoir lieu dans le cadre, ou après, une entente finale sur les revendications territoriales (la conclusion d'un traité), ce qui, en 2009, apparaît comme de plus en plus impossible à concrétiser.

Face à cette quadrature du cercle, l'APNQL ne voit qu'une solution: affirmation unilatérale de souveraineté.

Voir le communiqué de presse du gouvernement fédéral.

Voir la Déclaration de l'APNQL.

mercredi 10 juin 2009

Chef Ghislain Picard à l'ONU

Chose promise, chose due... voici la présentation du Chef Ghislain Picard à l'ONU (sur YouTube). je vous mets aussi son intervention lors de la 7e session de l'Instance permanente sur les questions autochtones (2008).

mardi 9 juin 2009

L'injonction est un voie légitime pour protéger ses droits

Récemment, le Conseil des Innus de Uashat-Mani-Utenam (Sept-Iles) a déposé une requête en injonction afin de stopper le projet de construction du barrage hydroélectrique de la rivière Romaine. Plusieurs, dont au moins un chef d'une autre communauté innue, ont déploré cette action judiciaire et tenté de discréditer l'opération. De son côté, le Chef Georges-Ernest Grégoire soutient que "Le projet affecte nos terres ancestrales. Ni le Québec, ni Hydro-Québec, ni le Canada ne respectent nos droits". Voir la conférence de presse.

Les droits qu'il évique sont des droits reconnus dans l'ordre juridique canadien, maintes fois consacrés par des décisions de la Cour suprême du Canada. Ce sont notamment des droits ancestraux, dont le fameux titre aborigène qui confère à la nation innue un droit au territoire lui même. La Cour suprême affirme, dans l'arrêt Delgamuukw: "le titre aborigène confère quelque chose de plus que le droit d’exercer des activités spécifiques à un site qui sont des aspects de coutumes, pratiques et traditions de cultures autochtones distinctives. [...] Ce que le titre aborigène confère c’est le droit au territoire lui-même".

L'utilisation des tribunaux, dans ce contexte, est tout à fait légitime. Les tribunaux servent à défendre et faire respecter ses droits, que ces droits soient écrits ou non. Dans le cas actuel, les Innus qui souhaitent faire respectger leurs droits n'ont que 2 options: les recours juridiques ou la désobéissance civile. Bien sûr, il y a aussi l'option de se taire et de laisser ses droits ignorés, voire bafoués. Je sais que plusieurs souhaiteraient que les Innus optent pour cette option. "On s'entendait très bien avec les Innus avant", m'a dit récemment un citoyen de la Côte-Nord... "avant" pouvant être traduit comme "lorsqu'ils se taisaient face aux abus de leurs droits".

jeudi 4 juin 2009

S'attaquer au vrai problème

La vaste opération policière d'hier menée notamment sur le territoire de Kahnawake est la meilleure façon de faire pour enrayer les éléments criminels du commerce de tabac dans la communauté mohawk. Depuis plusieurs mois, de nombreux observateurs et intervenants demandent aux gouvernements d'intervenir pour stopper complètement la fabrication et la vente de cigarettes à Kahnawake, prétextant qu'il s'agit d'un marché illicite de contrebande contrôlé par le crime organisé.

La réponse des autorités mohakw à ces allégations est que le commerce de cigarette est totalement légitime et légal (dans la mesure où il fait partie de leurs droits ancestraux), mais que le problème se situe au niveau de l'infiltration de ce commerce par des groupes du crime organisé non-autochtone.

La frappe policière d'hier donne raison aux Mohawk et prouve que l'élément "criminel" du commerce des cigarettes est contrôlé par les Hells Angels et leurs sympathisants, qui utilisent Kahnawake au détriment de ses citoyens.

L'opération policière est aussi, et surtout, la meilleure façon de faire. Alors que, d'un côté la police s'occupe des criminels, espérons que, de l'autre côté, les gouvernements accepteront de négocier avec les autorités mohawk d'une entente sur la règlementation du tabac dans la communauté. Le moment est tout à fait propice à une telle solution. Comme on dit: "le timing est bon".

samedi 30 mai 2009

Plan Nord ... quel plan?

Lors d'une rencontre partisane du Parti libéral du Québec, le premier ministre Charest s'est auto-proclamé "Grand Bâtisseur", et a annoncé son intention de construire un autre barrage hydroélectrique sur la Côte-Nord: le projet Petit-Mécatina. Il a fait cette annonce en réitérant son désir de développer le nord québécois par ce qu'il appelle "le Plan nord".

Il n'a pas fallu attendre longtemps avant d'entendre des objections, notamment de la part de groupes environnementaliste et des Premières Nations. J'attire particulièrement votre attention sur une lettre ouverte du Chef de l'APNQL, Ghislain Picard, parue jeudi (28 mai) dans La Presse et autres quotidiens. Il y écrit au sujet du Plan Nord qu'il s'agit d'un projet dont "nous ne connaissons aucunement les détails et la portée". Il semble ainsi que les peuples autochtones qui habitent le territoire, qui y possèdent des droits, notamment des droits territoriaux (titres aborigènes), n'ont aucunement été consulté sur un projet aussi important que celui annoncé par Jean Charest.

La question qu'il faut donc se poser est: quel est le plan de ce Plan Nord? Aussi, quelle est la place des Premières Nations? En 1975, pour réaliser le méga-projet de la Baie-James, le gouvernement du Québec s'est assis avec les nations autochtones concernées et a négocier ce que l'on désigne comme un "traité moderne", la Convention de la Baie-James et du Nord québécois". Pourquoi en serait-il différent aujourd'hui sur le territoire des Innus?

jeudi 28 mai 2009

Le tabac mohawk

Radio-Canada a diffusé ce soir un excellent reportage sur l'industrie du tabac à Kahnawake. On y voit que la situation n'est pas aussi simple que plusieurs le pensent... qu'on ne peut pas simplifier en criminalisant toute cette activité. Voir le reportage.

Quelques difficultés techniques...

Depuis quelques temps, je tente sans succès d'ajouter des photos et des vidéos sur le blogue. Revenez donc le visiter d'ici quelques jours... en souhaitant pouvoir réussir!

dimanche 24 mai 2009

Chef Ghislain Picard à l'ONU

Le Chef de l'APNQL, Ghislain Picard, a pris la parole jeudi matin lors des travaux de l'Instance permanente de l'ONU sur les questions autochtones. Voici sa présentation.

mercredi 20 mai 2009

L'Éducation: outil d'assimilation

Le Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN) et l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador ont tenu aujourd'un un événement parallèle en marge de l'Instance permanente de l'ONU sur les questions autochtones, à New York.

Chef Ghislain Picard (APNQL), Lise Bastien (CEPN), Raymond Sioui (CEPN) et moi-même, avons démontré à divers représentants autochtones du Monde qu'il existe toujours une politique d'assimilation délibérée au Canada. Plus particulièrement, nous avons démontré qu'en maintenant un sous-financement chronique des systèmes éducatifs des Premières Nations, le gouvernement canadien procède à un "étranglement financier" extrêmement néfaste pour les Premières Nations.

De plus, nous avons démontré que les gouvernements (canadien et provinciaux) appliquent systématiquement une politique de sous-financement de différents programmes économiques et sociaux qui ont pour finalité d'obliger ce qu'on qualifie "d'intégration" aux systèmes provinciaux (éducation, santé, développement économique, formation de la main-d'oeuvre, protection de la jeunesse, etc.).

"Les stratégies d’assimilation, cachées derrière de beaux discours, doivent être sévèrement dénoncées et condamnées sur la scène internationale ; c’est une question de survie pour nos peuples", a affirmé le Chef Picard.

mardi 19 mai 2009

Chef Raphaël Picard parle d'autodétermination à l'ONU

Pour une cinquième année, le Chef du Conseil des Innus de Pessamit, Raphaël Picard a participé aux travaux de l’Instance permanente des Nations Unies sur les Questions Autochtones.

Le Chef Picard a notamment offert, hier, une conférence portant sur l’autodétermination des Peuples du Nitassinan (le territoire ancestral Innu). « L’autodétermination, c’est le droit d’une nation à choisir comment elle sera gouvernée. Nous, les Innus, formons un peuple, égal à tous les autres peuples de la terre, et possédons de ce fait le droit à l’autodétermination, consacré depuis plus de 50 ans par le droit international», a fait valoir le Chef Picard.

Devant de nombreux représentants de nations autochtones et d’associations autochtones de partout dans le monde, le Chef Picard a exprimé son mécontentement face aux politiques rétrogrades du gouvernement canadien. « Le Canada est un pays colonial qui continue, derrière de beaux discours, ses politiques d’assimilation », d’affirmer Raphaël Picard.

Le Chef Picard exige la cogestion des territoires, et plus concrètement, une co-élaboration qui doit s’effectuer dans un contexte de nation à nation et de gouvernement à gouvernement. « Nous n’avons jamais renoncé ou cédé nos droits sur notre territoire ancestral. Notre souveraineté sur les terres et les ressources continue d’exister et doit être reconnue», a renchéri le Chef du Conseil des Innus de Pessamit, précisant que les Innus « possèdent tous les outils pour créer leurs propres gouvernements ».

samedi 16 mai 2009

Les Premières Nations à l'ONU

Une importante délégation de Premières Nations participeront la semaine prochaine à la 8e session de l'Instance permanente de l'ONU sur les peuples autochtones. Plusieurs Chefs y seront, dont Ghislain Picard, le Chef de l'APNQL, qui profitera de l'occasion pour accroître la pression internationale sur le Canada qui demeure l'un des rares pays à refuser d'appuyer la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones adopté en 2007.

En conférence de presse, Ghislain Picard, accompagné de représentants de divers groupes autochtones et non-autochtones du Québec, a aussi réitéré son appel aux partis politiques québécois afin qu'une motion d'appui à la Déclaration soit adoptée par l'Assemblée nationale.

Au cours de la prochaine semaine, les Chefs rencontreront des centaines de représentants autochtones du Monde entier. Ils organiseront aussi des activités particulières (appelées "side event") portant sur les droits des Premières Nations au Canada et au Québec; en particulier, une conférence portant sur le récent plan d'action visant à renforcer la souveraineté des Premières Nations adopté par l'APNQL.

J'accompagnerai la délégation et je vous informerai des différentes activités et nouvelles régulièrement par le biais de ce blogue.

jeudi 14 mai 2009

La Romaine et les Innus

Le gouvernement du Québec a donné, hier, le coup d'envoi du développement hydroélectrique de la rivière Romaine. L'annonce en a été faite par le premier ministre Charest, en compagnie de plusieurs ministres de son gouvernement. À leur côté, on voyait deux chefs innus.

Que signifiait leur présence? Certainement pas une reconnaissance de la compétence exclusive du Québec sur la gestion des ressources naturelles sur ce territoire. Précisons que la rivière Romaine est située sur le Nitassinan, le territoire ancestral de la nation Innue. Ce peuple y possède assurément des droits ancestraux et, fort possiblement, un titre aborigène. Or, ces droits n'ont pas encore fait l'objet d'entente (traité) avec les gouvernements, malgré des négociations qui durent depuis plus de 30 ans.

La présence des Chefs innus doit être vu comme un geste de nature administrative et non politique. Les Innus (sauf exception) ont accepté d'appuyer le projet de la Romaine parce qu'ils considèrent qu'il s'agit d'un projet intéressant en terme de développement économique. Eh Dieu sait qu'ils en ont besoin!

Par contre, les Innus continuent d'affirmer leur souveraineté sur ces terres et réclament toujours une cogestion des ressources. L'APNQL l'a précisé dans un communiqué qui est passé (presque) inaperçu.

Mais, sur le strict point de vue des communications, j'admets que la présence des Chefs innus prête à confusion...

vendredi 8 mai 2009

La Déclaration de l'ONU (1)

Le 13 septembre 2007, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté, par un vote de 144 États, la Déclaration universelle sur les droits des peuples autochtones. Seulement quatre (4) pays ont voté contre: l'Australie, les États-Unies, la Nouvelle-Zélande et... le Canada. Depuis, les Premières Nations tentent de convaincre le gouvernement de revenir sur sa position et d'appuyer cette Déclaration qui se compare à la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

Récemment, l'Australie est revenue sur sa position et a décidé d'appuyer la Déclaration. Des rumeurs circulent à l'effet que la Nouvelle-Zélande et les États-Unis vont aussi bientôt appuyer la Déclaration. Le Canada deviendrait ainsi le seul États au Monde à s'opposer à cet outil international de reconnaissance des droits des peuples autochtones. Bizarre non?

Dans deux semaines aura lieu la 8e session de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, à New York. Des milliers de représentants des peuples autochtones du Monde seront présents, dont plusieurs chefs de Premières Nations du Québec. Ils profiteront de cette occasion pour interpeller à nouveau le gouvernement canadien.

Dans ce blogue, je vous expliquerai ce qu'est la Déclaration, pourquoi le Canada a voté contre et quel est l'avenir des droits des peuples autochtones sur la scène internationale.

vendredi 1 mai 2009

Pourquoi le pape ne s'excuse pas?

Cette semaine, une délégation de l'Assemblée des Premières Nations a rencontré la pape, une mission organisée dans le but d'obtenir des excuses officielles de l'Église catholique pour les sévices subis par les enfants autochtones ayant fréquenté les pensionnats indiens à la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1970. Les faits sont troublants. Des milliers d'enfants ont été maltraités et ont été victimes de sévices corporelles et sexuelles dans ces pensionnats, dont la mission principale était l'assimilation de ces "sauvages" que le gouvernement souhaitait voir disparaître. La plupart de ces sévices ont été l'œuvre de curés qui étaient ouvertement raciste à l'égard des Premières Nations.

Au Québec, plus de 15 000 personnes ont connu cette période tragique, ont été arrachées de leur famille dès l’âge de 7 ans, pour être transportées dans un pensionnat, où elles devaient rester dix mois par année. L’objectif, clair et avoué, était d’assimiler le jeune autochtone à la société canadienne. La méthode était catégorique et cruelle. Les punitions physiques étaient fréquentes et atteignaient souvent des proportions inacceptables. Plusieurs y ont même perdu la vie.

Rapidement, les autorités des pensionnats ont réussi à instaurer chez ces enfants la honte d’être issus d’une Première Nation, d’être ce qu’ils sont. Leurs parents ont aussi développé la honte et le désarroi.

Les pensionnats ont laissé des traces importantes. Ses effets dévastateurs sont perceptibles dans plusieurs communautés.

Les victimes des pensionnats ne sont donc pas seulement celles qui y ont vécu. Beaucoup de personnes ont souffert et souffrent encore même si elles n’ont jamais fréquenté ces endroits. La douleur, la haine, la colère et l’incompréhension se transfèrent d’une génération à l’autre.

Reconnaissant ces faits et les torts causés, le gouvernement canadien a récemment formulé des excuses officielles au nom de la population canadienne. De son côté, le pape exprime des "regrets" mais ne s'excuse pas (lire l'article du Devoir)... pourquoi?

mardi 28 avril 2009

Pas si complexe que ça...

Depuis que je travaille sur les questions autochtones, le commentaire qui m'est fait le plus souvent est: "Ah! Que c'est complexe!". J'en suis venu à la conclusion que les gens vont spontanément affirmer que les questions autochtones est un sujet complexe, faute de vouloir se renseigner et de faire l'effort de chercher l'information.

Les questions autochtones ne sont pourtant pas si complexes que ça... pas plus, du moins, que d'autres sujets qui alimentent nos discussions quotidiennes entre amis ou qui garnissent journaux.

Si je peux me permettre de simplifier, je présenterais la chose de cette façon: les Autochtones (les Premières Nations et les Inuits) habitaient le territoire bien longtemps avant l'arrivée des premiers européens, donc bien avant la création de la Nouvelle-France. Celle-ci fut d'ailleurs créée grâce à des alliances et traités conclus (de Nation à Nation) entre la France et peuples autochtones qui possédaient et contrôlaient le territoire. Au fil des ans, les "Canadiens" sont devenus largement majoritaires sur le territoire et ont oublié les alliances passées avec les Autochtones, développant avec eux une relation basée sur le racisme et la négation de leurs droits fondamentaux. Plusieurs années plus tard (assez récemment, d'ailleurs), les tribunaux ont reconnu que les Autochtones ont été illégalement dépossédés de leurs droits et de leurs territoires et que la solution résidait dans des négociations qui permettraient: 1) une juste compensation pour les torts passés; 2) une nouvelle entente (traité moderne) permettant de concilier les droits des Autochtones et les droits de l'État.

La situation (ce que plusieurs appellent "le problème Indien") n'est donc pas complexe... mais (je le reconnais) les solutions peuvent l'être. J'y reviens dans un prochain blogue.

vendredi 3 avril 2009

Commerce mohawk du tabac: derrière la fumée...

Les médias québécois semblent s'intéresser à l'industrie du tabac à Kahnawake. De nombreux articles ont récemment été publiés dans de grands quotidiens de Montréal. Tous abordent le sujet sous l'angle de la criminalité, qualifiant la vente de cigarettes par les commerçants de Kahnawake de "contrebande", précisant que l'industrie des cigarettes autochtones est contrôlée par des organisations criminelles. Il y a certainement présence d'activités criminelles dans l'industrie du tabac dans les communautés mohawk (Kahnawake, Akwesasne et Kanesatake). Par contre, il est nécessaire de faire des nuances et départager ce qui est véritablement "criminel" de ce qui ne l'est pas.

Fondamentalement, la problématique du tabac autochtone, et particulièrement de la vente de cigarettes à Kahnawake, est de nature "fiscale". Les Mohakws de Kahnawake ne perçoivent (et ne facture) aucune taxe lorsqu'ils vendent des cigarettes à des non-Autochtones (ce qu'ils devraient faire en vertu de la Loi sur les Indiens, qui accordent une exemption fiscale qu'aux Autochtones dont le nom apparaît au Registre des Affaires indiennes). Cette situation n'est pas unique à la vente de cigarettes. Les Mohawks ne perçoivent aucune taxe, sur aucun bien vendu dans la communauté. On ne parle pourtant pas de "contrebande d'hamburger" ou de "contrebande de chips"...

Une bonne partie de ce qui est qualifié de "compétition déloyale" par les dépanneurs peut donc se résoudre par une entente fiscale entre Kahnawake et les gouvernements.

Il faut donc éviter de criminaliser l'ensemble de cette industrie qui, soit dit en passant, constitue le plus important employeur de la communauté et, conséquemment, permettant un développement économique qui est profitable non seulement à Kahnawake mais aussi à toute la région immédiate.

jeudi 19 mars 2009

Gaffe de Pierre Corbeil

Le ministre responsable des Affaires autochtones du Québec, Pierre Corbeil, a récemment signé une entente sur le développement durable des ressources en eau souterraine en Abitibi-Témiscaminque... sans consultation auprès des Algonquins qui détiennent pourtant un titre aborigène et des droits ancestraux sur les ressources en question.

Comme ministre des affaires autochtones, disons que ça manque de cohérence, pour dire le moins...

samedi 7 mars 2009

Un autre journaliste (encore!) aux propos tendancieux...

Dans un article portant sur une altercation(un fait divers) entre des Innus et des représentants du Regroupement des locataires de terres publiques(RLTP) paru dans le Journal de Québec, le journaliste Julien Cabana met de côté son professionnalisme journalistique, et la nécessaire objectivité, pour alimenter une fois de plus le mépris à l'égard des membres de la nation Innue et, du même coup de tous les Autochtones. Dans son article « Le RLTP menacé par des Innus », Cabana prend sa retenue partie pour les représentants du RLTP qui affirment avoir été menacés par des femmes innues qui ne se sont pas gênées de leur rappeler une certaine vérité. Il faut dire que la vérité fait mal, comme dit le dicton, surtout dans ce contexte. Cette vérité, la voici: les terres publiques de la Côte-Nord appartiennent aux Innus.

Je sais que ça peut choquer certaines personnes, mais c'est la réalité et c'est aussi un fait de droit. Pour être plus précis, il faut dire que le droit canadien reconnaît à certaines Premières Nations (et assurément aux Innus de la Côte-Nord) un titre aborigène, c'est-à-dire un droit au territoire lui-même qui se superpose au titre de la Couronne (du gouvernement provincial en vertu de la Constitution canadienne).

Ce que cet article démontre, ainsi que celui de Martineau précédemment et d'autres du même genre, c'est la nécessité de former les journalistes québécois aux questions concernant les peuples autochtones et, tout particulièrement, des questions de droit sur le territoire. Autrement, ces journalistes continueront d'écrire en fonction de mythes, de préjugés et d'une méconnaissance nuisible aux bonnes relations.

jeudi 5 mars 2009

Un autre journaliste qui parle à travers son chapeau !

Vous savez quel est le facteur le plus nuisible aux relations entre autochtones et Québécois? Les journalistes paresseux!

Hier, dans sa chronique intitulée "What the phoque?", Richard Martineau nous en donne un autre excellent exemple. Il y dénonce que : "Aucun chasseur canadien ne pourra vendre ses phoques en Europe... sauf les chasseurs inuits. En effet, puisque la chasse aux phoques est une tradition ancestrale chez les autochtones, le Parlement européen a accepté de permettre une exception à la loi. "

À noter qu'il emploi le terme "tradition" plutôt que "droit" pour parler de l'activité de chasse aux phoques pratiquée par les Inuits. De toute évidence, Richard Martineau ne connaît le concept des droits ancestraux des peuples autochtones; il ne connaît pas la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, un traité signé par la nation Inuit; il ne connaît pas la Motion de l'Assemblée nationale du Québec de 1985 qui reconnaît les peuples autochtones comme formant des nations distinctes, possédant des droits distincts; il ne connaît pas l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 qui garantie et protège des droits ancestraux et ceux issus de traités des peuples autochtones (dont les Inuits); il ne connaît pas la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, adoptée par une très forte majorité d'États, dont ceux de l'Europe...

Surtout, l'éditorial de Martineau est symptomatique de la paresse qui affecte plusieurs journalistes qui écrivent ou parlent de questions touchant les autochtones. La plus élémentaire erreur commise: confondre les Inuits à un groupe ethnique. Un peu plus et il qualifierait les Inuits et les Premières Nations d'immigrants! Il ne le fait pas mais il les aborde comme si c'était justement son point de vue.

Il est si facile de dénoncer le statut particulier des droits des peuples autochtones... ça fait vendre des copies, surtout au Journal de Montréal.

mardi 24 février 2009

La Grande Paix de... Québec ?

Le Grand Chef de la Nation Huronne-Wendat a proposé l'idée de tenir un grand rassemblement sur les Plaines d'Abraham afin de conclure un traité de paix entre toutes les nations (autochtones, francophones, anglophones, etc.). Cette rencontre pourrait, dit-il, s'inspirer de la Grande Paix de Montréal, un célèbre traité historique conclu entre Premières Nations et les autorités françaises.

Ça se passe durant l’été 1701, à Ville-Marie (nom donné à la ville de Montréal. Plus de 300 canots et près de 2 000 autochtones débarquent sur l’île. Certains viennent de très loin pour participer à cette rencontre historique. Pendant plusieurs semaines, les Français et leurs alliés autochtones (Abénaquis, Algonquins, Cris, Hurons-Wendat, Miami, Ojibwa, Outaouais, Sauteux) négocient avec les nations iroquoises un traité de paix sans précédent, que l’on appellera la Grande Paix de Montréal.

Ce traité permettra d’assurer la stabilité politique de la Nouvelle-France pendant plus de 50 ans. Cette alliance, qui a été négociée selon les protocoles des nations autochtones, stipule que tout différend devra dorénavant se régler par la voie de la négociation.

La politique française d’alliances stratégiques avec les peuples autochtones permettra ainsi à la France de maintenir sa domination sur un vaste territoire de l’Amérique du Nord jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Rappelons que la Nouvelle-France s’étend alors de Terre-Neuve jusqu’au Mississippi, en passant par la vallée du Saint-Laurent et les Grands Lacs...

mercredi 18 février 2009

Un peu d'histoire : La Conquête

Bien peu de gens connaissent le rôle des Premières Nations dans les événements qui ont culminé à la bataille des Plaines d'Abraham et la conquête de la Nouvelle-France par l'empire Britannique. Il est pourtant fondamental.

D'abord, il faut souligner que la domination de la France sur le Nouveau-Monde a été rendu possible grâce à l'appui des Premières Nations. Si les armés britanniques (pourtant supérieures en nombre que les armées françaises) connaissent beaucoup de difficulté contre les troupes françaises, c'est que les Français comptent sur de nombreux alliés autochtones. Les Britanniques subiront plusieurs défaites avant de goûter à la victoire en Acadie, en juin 1755.

Il serait intéressant de rappeler que c'est avec l'aide de ses alliés autochtones que le marquis de Vaudreuil (commandant en chef et gouverneur de la Nouvelle-France) prend d'assaut le fort anglais d'Oswego (lac Ontario) et réussit à détruire plusieurs établissements anglais en Nouvelle-Angleterre. Les victoires des troupes françaises se poursuivent jusqu'à l'été 1757, avec la prise du fort Carillon par Montcalm. À partir de ce moment, le vent tourne, notamment parce que les Français perdent, petit à petit, leurs alliés autochtones.

C'est que les Britanniques usent de stratégie et de diplomatie pour convaincre les nations autochtones à conclure des ententes de neutralité, dont le traité d'Oswegatchie, signé le 25 août 1760, ainsi que le fameux traité Murray qui permet aux Hurons-Wendats de s'installer en banlieu de Québec. Avec la perte de nombreux alliés autochtones, les Français devenaient une proie plus facile...

samedi 7 février 2009

Le Canada critiqué par 35 États à l'ONU

Quand il est question des droits des peuples autochtones, l’image du Canada n’est pas celle d’un grand défenseur des droits de l’homme. Hier, dans le cadre de l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme, le représentant du gouvernement canadien a été incapable de défendre et de justifier le mauvais traitement dont sont victimes les Premières Nations au Canada. Sur les 47 pays qui ont pu interroger le représentant du Canada, quelque 35 ont soulevé des inquiétudes profondes à l'égard du sort des peuples autochtone au Canada.

De nombreux pays, dont l'Autriche, le Mexique et la Norvège, ont vertement critiqué le Canada et l’ont sommé de revenir sur sa décision de ne pas appuyé la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, adoptée en 2007. Le Canada avait été l'un de quatre pays à voter contre le document.

Pour sa défense, le représentant du Canada a affirmé que la Déclaration « ne prévoit pas un équilibre entre les droits des autochtones et des non-autochtones».

« Cette position est grotesque et farfelue », a répliqué le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, soulignant que les lois du Canada ont créé, depuis très longtemps, un déséquilibre entre les autochtones et les non-autochtones.

mardi 3 février 2009

Budget fédéral : des peanuts pour les Premières Nations - 3

Comment justifier que le financement d'un étudiant de Premières Nations au Québéc soit la moitié du financement d'un étudiant québécois? Cette réalité est malheureusement peu connue. Son explication aussi: le financement de l'éducation des Premières Nations est la responsabilité du gouvernement fédéral (alors que l'éducation est une compétence provinciale), qui depuis toujours administre les "affaires indiennes" avec un objectif d'assimilation. Malgré les beaux discours, le gouvernement n'a aucunement l'intention de doter les Premières Nations d'un financement adéquat leur permettant d'offrir des services d'éducation équivalent à ceux offerts dans le reste du Canada.

Dans son budget, le gouvernement fédéral n’a rien prévu pour mettre fin au sous-financement de l’éducation des Premières Nations. Sauf pour quelques mesures pointues et nettement insuffisantes, les écoles des Premières Nations n’ont aucune raison de se réjouir, surtout que le fossé qui les sépare des autres écoles du Canada ne fera que s’accroître.

En refusant aux Premières Nations les moyens d’accéder à une éducation de qualité, le gouvernement du Canada ferme volontairement les portes de leur avenir.

jeudi 29 janvier 2009

Budget fédéral: des peanuts pour les Premières Nations - 2

Dans son budget, le gouvernement fédéral vient d'annoncer un fonds de 515 millions pour des projets d'infrastructures dans les réserves, et ce dans les trois secteurs prioritaires que sont les écoles (200M$), l'eau (165M$), les services communautaires essentiels en santé et services sociaux (135M$)et les services policiers (15M$).

Ces montants semblent importants et difficilement "criticables" aux yeux de l'opinion publique. Pourtant, quand on connaît la réalité et les besoins, ces sommes représentent une goute d'eau, loin de répondre aux immenses besoins. Un exemple: les besoins pour les infrastructures d'eau potable pour les Premières Nations au Québec seulement totalisent au moins 100M$ (est-il besoin de rappeler qu'il y encore des Premières Nations au Québec qui n'ont pas accès à l'eau potable?). Autre exemple: 2 casernes de police sur 3, dans les réserves, ont un besoin urgent de réparation ou rénovation. Ce n'est pas avec 1M$ (ce que les PN du Québec obtiendront) que l'on pourra rénover environ 25 casernes, acheter de nouveaux équipements et embaucher de nouveaux agents... des nécessités pour seulement rétrécir le faussé qui existe entre les corps policiers autochtones et les corps policiers municipaux.

Enfin, toutes ces sommes ne permettent pas de corriger le sous-financement chronique des Premières Nations, résultat du plafond de 2% imposé depuis 1996 à tous les budgets de fonctionnement et de services destinés aux Premières Nations par le gouvernement fédéral... plafond qui correspond au net à des coupures, compte tenu de l'explosion démographique des communautés... tout ça pendant que le gouvernement enregistrait des profits records!

mercredi 28 janvier 2009

Budget fédéral: des peanuts pour les Premières Nations - 1

Depuis plusieurs années, les Premières Nations souffrent de nombreux problèmes économiques et sociaux. La majorité de ces problèmes est une conséquence directe de la politique canadienne, notamment d'une stratégie d'étranglement fiscal pratiqué depuis 1996 (détails à venir dans mon prochain billet). Le budget d'hier n'est rien venu régler. La meilleur mesure pour les Premières Nations est certainement l'annonce de 400 millions de dollars sur deux ans pour le logement dans les réserves, somme consacrée à de nouveaux projets de logements sociaux, à la remise en état des logements sociaux existants et à des activités de logement complémentaires.

À priori, cette annonce est intéressante, car elle porte sur le logement social, un ''grand oublié'' des dernières annonces. Les Premières Nations ont fait beaucoup de représentations auprès du gouvernement au cours des dernières années pour que celui-ci investisse dans la construction et la rénovation de logements sociaux dans les réserves. Cependant, l'ordre de grandeur est loin de la réalité des besoins en logement social des Premières Nations du Québec. Celles-ci bénéficieront probablement, au mieux, de 40 M$ sur les 400 M$ annoncés, alors qu'il faudrait investir environ 10 fois plus, sur une période de 5 ans, pour répondre aux besoins en logement sociaux des Premières Nations du Qc et du Labrador.

Non seulement la somme ne répond pas aux besoins, mais elle est moindre que ce que le ministre des Finances avait laissé entendre au cours des dernières semaines. Il avait en effet été question d'un montant de 600 millions$ pour le logement des Premières Nations. Où sont passés les 200 millions$ manquants?

(Note: Merci à Guy Latouche, consultant en habitation pour l'APNQL)

lundi 12 janvier 2009

Attention, les Premières Nations ne sont pas des immigrants !

La Chef du Parti Québécois vient d’annoncer la nomination de son « cabinet fantôme ». En confiant à Camil Bouchard (député de Vachon) les responsabilités en matière de « Relations avec les Premières Nations, Immigration et Communautés culturelles », elle envoi un message qui risque de déplaire aux principaux concernés. Les Premières Nations ne sont pas des immigrants. Les dossiers qui les concernent ne sont aucunement assimilables à ceux des communautés culturelles. Les autorités publiques ont habituellement le réflexe de ne pas mettre « Premières Nations » et « communautés culturelles » dans le même panier. À titre d’exemple, la Commission Bouchard-Taylor avait, dès le départ, affirmé que la question des relations avec les Premières Nations –même si elles ont certaines similitudes- ne pouvaient pas faire l’objet de leur mandat, que cette question relevait d’une toute autre dimension nécessitant une réflexion distincte et particulière. La grande majorité des organisations autochtones ont d’ailleurs délibérément refusé de participer à cette commission, justement afin de ne pas confondre les genres.

Après la très mauvaise nomination de Pierre Corbeil à titre de ministre responsable des Affaires autochtones, vertement critiquée par l’ensemble des experts et observateurs, ainsi que dénoncée par les Premières Nations elles-mêmes, on était en mesure de s’attendre à mieux de la nouvelle Chef de l’Opposition officielle. La nomination de Pierre Corbeil a au moins le mérite d’accorder une grande importance au dossier autochtone en assurant qu’un ministre y sera dédié à 100%. On ne peut en dire autant du nouveau critique de l’Opposition officielle. La députation péquiste est pourtant suffisamment nombreuse pour que les responsabilités des relations avec les Premières Nations ne soient diluées avec d’autres responsabilités.


D’autant plus que les relations avec les Premières Nations est d’une importance capitale pour l’avenir du Québec et qu’il s’agit probablement de l’un des plus importants défis qui attend le Québec au cours des prochaines années, notamment dans le développement des régions. Les Premières Nations sont présentement engagées dans une démarche d’affirmation de leurs droits (Déclaration sur un processus d’affirmation de souveraineté, adoptée par l’Assemblée des Chefs le 27 novembre 2008) qui, nécessairement, exigera la définition d’une relation de type « de nation-à-nation ».


Le choix de Pierre Corbeil comme ministre des Affaires autochtones est une erreur parce qu’à titre d’ancien ministre des Ressources naturelles, ses relations avec les Premières Nations étaient (et sont) des plus mauvaises. Quant on sait que l’un des plus importants projets du premier ministre Jean Charest est son « Plan Nord », comment ne pas voir d’un mauvais œil la nomination de l’ancien ministre des Ressources naturelles aux Affaires autochtones ? Comme d’autres observateurs l’ont souligné, c’est un peu comme « faire entrer le loup dans la bergerie ». Dans un récent billet, je qualifiais donc cette nomination de « déclaration de guerre » du premier ministre.


Est-il nécessaire de rappeler que c’est en 1985 (par un gouvernement péquiste justement) que l’Assemblée nationale a reconnu que les Premières Nations forment des « nations distinctes » et qu’elles possèdent des droits particuliers parce qu’elles occupent le territoire actuel du Québec depuis plus de 5 000 ans. Ce ne sont donc pas des immigrants (c’est tout le contraire !) et ne doivent d’aucune façon être traitées comme des minorités culturelles du Québec.


Il faut surtout éviter de considérer les Premières Nations comme une « clientèle », au même titre que « les jeunes », « les femmes », « les communautés culturelles », etc. Les relations entre le Québec et les Premières Nations est d’un tout autre ordre. Et, si l’on veut créer de véritables relations de Nation-à-Nation avec les Premières Nations, il faut commencer par leur accorder le sérieux et l’importance qu’elles méritent.

dimanche 4 janvier 2009

Bonne année !

Je ne peux pas commencer mes rubriques de 2009 sans souhaiter à tous mes fidèles lecteurs la plus belle des années. Je vous souhaite de la santé, bien sûr, ainsi que du succès dans toutes vos activités et entreprises.

De façon plus particulière, je tiens à souhaiter une excellente année à Ghislain Picard et à l'APNQL. 2009 sera certainement une année charnière pour les Premières Nations. Avec le projet de Déclaration de souveraineté, adopté récemment par la Table des Chefs, la nouvelle année débute sous le sceau des plus grands espoirs. Les attentes sont grandes.

Incidemment, je souhaite une bonne année au gouvernement du Québec qui devra savoir répondre de façon satisfaisante aux attentes des Premières Nations, particulièrement à l'égard de la gestion des terres et des ressources. Le défi est de taille et commande une volonté politique qui a malheureusement fait défaut au cours des récentes années.

Enfin, je souhaite une bonne année au gouvernement fédéral -quel qu'il soit, après le retour de la Chambre- qui devra à nouveau se positionner sur la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. Du côté Américain, on s'attend à ce que le nouveau Président Obama modifie la position de son gouvernement afin d'appuyer la Déclaration... ce qui ajoutera de la pression sur le Canada, qui ne voudra certainement pas demeurer l'un des rares pays à ne pas appuyer cette Déclaration (avec la Russie!).

Bonne année à toutes et tous!