mardi 28 avril 2009

Pas si complexe que ça...

Depuis que je travaille sur les questions autochtones, le commentaire qui m'est fait le plus souvent est: "Ah! Que c'est complexe!". J'en suis venu à la conclusion que les gens vont spontanément affirmer que les questions autochtones est un sujet complexe, faute de vouloir se renseigner et de faire l'effort de chercher l'information.

Les questions autochtones ne sont pourtant pas si complexes que ça... pas plus, du moins, que d'autres sujets qui alimentent nos discussions quotidiennes entre amis ou qui garnissent journaux.

Si je peux me permettre de simplifier, je présenterais la chose de cette façon: les Autochtones (les Premières Nations et les Inuits) habitaient le territoire bien longtemps avant l'arrivée des premiers européens, donc bien avant la création de la Nouvelle-France. Celle-ci fut d'ailleurs créée grâce à des alliances et traités conclus (de Nation à Nation) entre la France et peuples autochtones qui possédaient et contrôlaient le territoire. Au fil des ans, les "Canadiens" sont devenus largement majoritaires sur le territoire et ont oublié les alliances passées avec les Autochtones, développant avec eux une relation basée sur le racisme et la négation de leurs droits fondamentaux. Plusieurs années plus tard (assez récemment, d'ailleurs), les tribunaux ont reconnu que les Autochtones ont été illégalement dépossédés de leurs droits et de leurs territoires et que la solution résidait dans des négociations qui permettraient: 1) une juste compensation pour les torts passés; 2) une nouvelle entente (traité moderne) permettant de concilier les droits des Autochtones et les droits de l'État.

La situation (ce que plusieurs appellent "le problème Indien") n'est donc pas complexe... mais (je le reconnais) les solutions peuvent l'être. J'y reviens dans un prochain blogue.

vendredi 3 avril 2009

Commerce mohawk du tabac: derrière la fumée...

Les médias québécois semblent s'intéresser à l'industrie du tabac à Kahnawake. De nombreux articles ont récemment été publiés dans de grands quotidiens de Montréal. Tous abordent le sujet sous l'angle de la criminalité, qualifiant la vente de cigarettes par les commerçants de Kahnawake de "contrebande", précisant que l'industrie des cigarettes autochtones est contrôlée par des organisations criminelles. Il y a certainement présence d'activités criminelles dans l'industrie du tabac dans les communautés mohawk (Kahnawake, Akwesasne et Kanesatake). Par contre, il est nécessaire de faire des nuances et départager ce qui est véritablement "criminel" de ce qui ne l'est pas.

Fondamentalement, la problématique du tabac autochtone, et particulièrement de la vente de cigarettes à Kahnawake, est de nature "fiscale". Les Mohakws de Kahnawake ne perçoivent (et ne facture) aucune taxe lorsqu'ils vendent des cigarettes à des non-Autochtones (ce qu'ils devraient faire en vertu de la Loi sur les Indiens, qui accordent une exemption fiscale qu'aux Autochtones dont le nom apparaît au Registre des Affaires indiennes). Cette situation n'est pas unique à la vente de cigarettes. Les Mohawks ne perçoivent aucune taxe, sur aucun bien vendu dans la communauté. On ne parle pourtant pas de "contrebande d'hamburger" ou de "contrebande de chips"...

Une bonne partie de ce qui est qualifié de "compétition déloyale" par les dépanneurs peut donc se résoudre par une entente fiscale entre Kahnawake et les gouvernements.

Il faut donc éviter de criminaliser l'ensemble de cette industrie qui, soit dit en passant, constitue le plus important employeur de la communauté et, conséquemment, permettant un développement économique qui est profitable non seulement à Kahnawake mais aussi à toute la région immédiate.