mardi 23 décembre 2008

La hache de guerre

Dans son éditorial d'hier, dont le titre était "La hache de guerre", André Pratte souligne lui-aussi que les responsabilités des affaires autochtones doivent être assumées directement par le premier ministre. Il ajoute néanmoins que parler de "guerre" comme je le faisais dans ma lettre ouverte parue dans la même édition de La Presse était trop fort; et qu'il fallait donner la chance au coureur (Pierre Corbeil).

Je tiens à préciser que la hache de guerre, selon moi, c'est Jean Charest qui l'a déterrée. C'est lui qui a déclarer la guerre aux Premières Nations, pas l'inverse, en nommant Pierre Corbeil ministre responsable des Affaires autochtones. Comment voir cette nomination différemment?

Cela étant, les Premières Nations n'ont pas vraiment le choix. La formation du Conseil des ministres est la prérogative du premier ministre et, s'il décide de maintenir Pierre Corbeil à son poste (ce dont je ne doute pas), il devra en assumer les conséquences. Si le premier ministre ne veut pas la guerre avec les Premières Nations, il doit rapidement poser les gestes qui démontreront clairement ses intentions. Voici ce que je lui conseille:
1. proposer et organiser une rencontre avec les chefs de l'APNQL, durant laquelle il réitèrera son intention de demeurer personnellement très impliqué dans les dossiers autochtones;
2. soumettre à l'Assemblée nationale une motion d'appui à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Cette motion doit être présentée par le premier ministre;
3. relancer l'idée d'un forum des élus, composé de Chefs et de membres de l'Assemblée nationale (quelque chose de plus efficace que le défunt "Conseil conjoint des élus" qui n'a donné aucun résultat);

Si Jean Charest pose ces gestes au retour des travaux de l'Assemblée nationale, il permettra la reprise d'un dialogue. Ce serait sa façon d'enterrer la hache de guerre.

vendredi 19 décembre 2008

Jean Charest déclare la guerre aux Premières Nations

Comment expliquer la nomination de Pierre Corbeil au poste de ministre responsable des Affaires autochtones ? Quand on sait que les Premières Nations avaient milité, avant la formation du Conseil des ministres, pour que les responsabilités des Affaires autochtones demeurent dans les mains du premier ministre; quand on sait que Pierre Corbeil a été ministre des Ressources naturelles et, qu’à ce titre, il a ignoré, voire répudié, les droits des Premières Nations dans la gestion des ressources ; quand on sait qu’à titre de député d’Abitibi-Est, Pierre Corbeil a eu des relations plutôt acrimonieuses avec les communautés algonquines de sa région ; et quand on sait qu’en étant élu à nouveau député cette année, il a défait le seul et premier député autochtone de l’histoire du Québec (Alexis Wawanoloath) : deux seules raisons peuvent expliquer la décision du premier ministre : 1- Jean Charest est complètement déconnecté de la situation des Premières Nations, ou 2- il s’en fout complètement.

Peu importe la raison qui a motivé la nomination de Pierre Corbeil, le résultat est le même. En nommant Pierre Corbeil, Jean Charest vient de déclarer la guerre aux Premières Nations.

Surtout, cette nomination est en contradiction directe avec l’histoire des relations entre le Québec et les Premières Nations depuis le premier gouvernement de René Lévesque. Quand ce dernier a créé le Secrétariat des activités gouvernementales en milieu amérindien (SAGMAI), aujourd’hui le Secrétariat aux Affaires autochtones (SAA), l’idée était d’établir entre le Québec et les peuples autochtones des relations de Nation à Nation. C’est dans cet esprit que René Lévesque a fait adopter, en 1985, une motion par l’Assemblée nationale qui reconnaît le statut de « nations » aux peuples autochtones et qui presse le gouvernement de négocier avec eux des ententes qui reconnaissent leurs droits ancestraux. Pendant plusieurs années, les responsabilités sont demeurées dans les mains du premier ministre.

Même quand il y a eu nomination de ministres, il s’agissait de ministres "délégués", le premier ministre demeurant le véritable ministre 2responsable" des Affaires autochtones. La nuance n’est pas mineure, elle est fondamentale.

Depuis 1985, le gouvernement du Québec n’a pas réussi à répondre adéquatement aux engagements de la Motion et à la vision de René Lévesque (à l’exception de la conclusion de l’entente dite de la Paix des Braves avec les Cris). Aujourd’hui, les Premières Nations réclament la fin du statu quo. Récemment, question de forcer le jeu, elles ont annoncé qu’elles envisageaient l’adoption de mesures unilatérales de souveraineté (les Premières Nations au Québec n’ont jamais été conquises et n’ont jamais signé de traités de cession, contrairement aux Premières Nations dans les autres provinces). Il y a donc une certaine urgence pour le gouvernement du Québec de revoir sa relation avec les Premières Nations. Ce que le gouvernement doit absolument éviter c’est de ne pas prendre au sérieux les avertissements récents des Premières Nations. Jean Charest vient de faire pire. Non seulement a-t-il choisi de ne pas prendre au sérieux les Premières Nations, il les a littéralement insulté, ce qui revient à leur déclarer la guerre.

mercredi 17 décembre 2008

Jean Charest, ministre des Affaires autochtones

Jean Charest doit former son nouveau Conseil des ministres. J'ai une seule suggestion à lui faire: ne pas nommer de ministre délégué aux Affaires autochtones, comme ce fut le cas au cours des dernières années.

Les relations entre le Québec et les autochtones doit reposer sur le concept de "nation-à-nation", ce qui signifie que le principal interlocuteur doit être le premier ministre lui-même. C'était d'ailleurs l'intention derrière la création, par René Lévesque, du Secrétariat des activités gouvernementales en milieu amérindien (SAGMAI) - qui allait ensuite devenir le Secrétariat aux Affaires autochtones (SAA) - qui fait partie du ministère du Conseil exécutif et relève directement du premier ministre. Le SAA fait toujours partie du ministère du Conseil exécutif mais, depuis plusieurs années, le premier ministre a délégué les responsabilités de ce secrétariat à un ministre délégué.

Or, l'expérience des ministres délégués n'a pas été très reluisante. Particulièrement, les dernières années ont plutôt démontré qu'il est impossible de faire avancer efficacement les dossiers sans un appui du premier ministre. Prenons l'exemple de la Paix des Braves, une entente conclue "de Nation à Nation" entre le Québec et le Grand Conseil des Cris. Cette entente est le fruit de l'implication personnelle du premier ministre Bernard Landry et la nomination, à titre de négociateur en chef, du Secrétaire général du Québec lui-même. Alors que le SAA et les ministres délégués ont tenté en vain pendant des années de conclure une entente avec les Cris, il n'a suffit que de quelques mois à l'équipe du Secrétariat général et du premier ministre à conclure une entente dite historique et, probablement, l'une des plus avant-gardiste du Canada.

Depuis ce temps, les relations entre le Québec et les Premières Nations sont au point mort. Ce statu quo représente un recul pour les Premières Nations qui doivent constamment faire confiance à un interlocuteur qui, généralement, a peu d'influence sur le Conseil des ministre. Il est temps de changer cette façon de faire et de placer les responsabilités des affaires autochtones au sommet de la hiérarchie gouvernementale. Cela confirmerait à tout le moins que Jean Charest était sérieux lorsqu'il a déclaré que le Plan Nord ne se ferait pas sans les autochtones...

vendredi 5 décembre 2008

Une coalition... chez les Innus

La coalition est un concept et un mot à la mode ces jours-ci... Aujourd'hui, ce n'est pas à Ottawa mais à Québec que l'on a parlé d'une coalition; mais pas une coalition des partis politiques, une coalition de quatre communautés innues.

Pessamit, Ekuanitsh, Matimekush-Lac John et Uashat mak Mani-Utenam ont dévoilé aujourd'hui une "Alliance stratégique" visant à unir leurs forces "afin de mieux défendre [leur] titre et [leur] droit contre des gouvernements qui multiplient les actions sans en tenir compte".

Ce geste est évidemment en lien avec la récente sortie de l'APNQL sur un mécanisme d'affirmation de souveraineté. Il témoigne de sérieux de la démarche auprès d'au-moins quatre communautés qui représentent plus de la moitié de la nation Innue entière.

Cette Alliance vient aussi clouer le bec à ceux qui affirment depuis longtemps que Pessamit est isolé et que le Chef Raphaël Picard mène une bataille solitaire contre les gouvernements et l'exploitation du territoire sans son consentement.

Aujourd'hui, le message est clair: Jean Charest a besoin de se lever tôt pour faire accepter son "Plan Nord"!

mercredi 3 décembre 2008

Enfin un parti qui parle des Premières Nations!

Le Parti Québécois est le premier parti politique important (j'exclue Québec-Solidaire dont la présence est marginale pour l'instant mais dont le discours sur les Premières Nations est remarquable) à tenir compte des Premières Nations dans cette campagne électorale. Pauline Marois a déclaré aujourd'hui "nous devons rétablir un dialogue permanent entre les représentants de l'Assemblée nationale et les instances des Premières Nations. C'est pourquoi, un gouvernement du Parti Québécois s'engage à créer un forum permanent entre le Québec et les Premières Nations et les Inuits". Cet engagement rejoint selon moi une attente des Premières Nations du Québec.

Mme Marois profite de cette sortie sur les Premières Nations pour dénoncer l'attitude de Jean Charest qui a annoncé un "Plan Nord", sans tenir compte des droits des autochtones. Il peut bien aujourd'hui dire qu'il va consulter les Premières Nations, cette façon de faire traduit un problème fondamental au gouvernement québécois depuis des années: l'incapacité à tenir compte des Premières Nations dans l'élaboration des projets. C'est toujours après-coup, une fois le projet ficelé que le gouvernement pense à "consulter" les Premières Nations.

Honnêtement, j'avais perdu espoir de voir un chef politique parler de façon intelligeante des Premières Nations pendant la campagne électorale. La seule mention des Autochtones faites jusqu'à maintenant avait été la sortie de Mario Dumont pour réclamer des interventions contre la "contrebande de cigarettes dans les communautés autochtones"... mais, comme le dit Pierre Trudel aujourd'hui dans Le Devoir, Mario Dumont oublie de préciser que cette soi-disant "contrebande" existe dans une très petite minorité de communautés (essentiellement mohawks) et qu'il s'agit d'un enjeu qui ne mérite pas toute cette attention, contrairement aux enjeux plus fondamentaux en terme de qualité de vie, conditions socio-économique, éducation, emploi, etc.

Les Premières Nations doivent être quelque peu soulagées aujourd'hui d'entendre le discours de Mme Marois. Je le suis.

lundi 1 décembre 2008

Les Premières Nations affirment leur souveraineté

J'avais l'impression de participer à un événement historique, lors de la dernière Assemblée des Chefs de l'APNQL, tenue la semaine dernière au Château Bonne-Entente, à Québec. Dans une déclaration, adoptée au terme de trois jours d'intenses discussions, les Chefs déclarent qu'ils vont mettre en oeuvre, de manière unilatérale, un processus d'affirmation de leur souveraineté. À ma connaissance, ce geste est sans précédant.

Le fonds de la déclaration n'est pas nouveau. Les Chefs ont plusieurs fois adopté des déclarations réitérant leurs droits (autodétermination, autonomie gouvernementale, titres, etc.) et leurs aspirations, mais c'est la première fois que l'on parle d'agir de façon unilatérale. D'habitude, les déclarations invitent les gouvernements à "négocier" ou à "modifier leurs politiques"... mais, là, c'est toute autre chose. On ne parle plus d'une mise en demeure aux gouvernements, on parle carrément d'une révolution.

La suite des choses est maintenant très importante. Les Premières Nations ne peuvent plus reculer et doivent donner un sens réel et concret à cette Déclaration. Sinon, l'APNQL aura perdu toute sa crédibilité sur le plan politique.

vendredi 17 octobre 2008

Les Premières Nations scandalisées par des propos racistes tenus par Richard Pound

Informé des propos racistes tenus cet été par l’ancien président du Comité olympique canadien et président-fondateur de l’Agence mondial antidopage, le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, s’est dit outré et en appel à des sanctions sévères. « Il est absolument inacceptable que ce genre de propos soient tenus, encore aujourd’hui. Je pensais que la vision raciste des Indiens sauvages de l’Amérique était disparue. Il est triste de constater qu’elle existe toujours », a déclaré le Chef Ghislain Picard.

« Contrairement à ce qu’affirme Richard Pound, les Premières Nations du Québec sont issues de grandes sociétés qui occupent le territoire du Québec depuis plus de 5000 ans. Avant l’arrivée de Christophe Colomb, l’Amérique était habitée par des nations vivant en sociétés organisées. Nous n’étions pas des troupeaux », précise Ghislain Picard.

Rappelons que Richard Pound a déclaré, en entrevue le 9 août dernier : « Il ne faut pas oublier qu'il y a 400 ans, le Canada était un pays de sauvages, avec à peine 10 000 habitants d'ascendance européenne, alors qu'en Chine, on parle d'une civilisation de 5000 ans. »

Démission demandée
Pour l’APNQL, ce type de propos doit être dénoncé et son auteur sévèrement blâmé. Ghislain Picard annonce que l’APNQL demandera officiellement à l’Université McGill de sévèrement sanctionner Richard Pound qui occupe présentement le poste de Chancelier de cette importante institution d’enseignement. « M. Pound devrait lui-même constater la grossièreté de ses propos et offrir sa démission », de conclure le Chef Picard.

Un sommet des peuples autochtones francophones

Près de 40 représentants de différents peuples autochtones francophones venus de tous les continents se rencontrent pour les trois prochains jours dans le cadre du 2e Congrès de la Coordination autochtone francophone (CAF) organisé en collaboration avec l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, et qui a lieu en marge du Sommet de la francophonie.

L’objectif général du Congrès consiste à élaborer des recommandations pour formuler une stratégie servant à promouvoir les droits des peuples autochtones dans les pays francophones, avec l’aide d’ organismes internationaux des droits humains et d’instruments internationaux comme la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies.

Plus précisément, le Congrès aborde les quatre (4) grands thèmes suivants en vue d’élaborer des recommandations à l’égard de la stratégie :

  • La protection des langues autochtones et de la diversité culturelle dans la francophonie;
  • La gestion des ressources naturelles et des industries extractives en territoires autochtones francophones : surexploitation forestière et minière, pollution des sols et des eaux;
  • L’impact des changements climatiques sur la vie des peuples autochtones dans les pays de la francophonie;
  • Les femmes autochtones et la parité dans les pays de la francophonie.

Cette rencontre nous rappelle que la vie au Québec n'est pas apparu il y a 400 ans...

samedi 11 octobre 2008

Les Premières Nations font campagne sur Internet

À l’instar des artistes québécois, l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) amorce elle aussi une campagne de visibilité sur Internet, particulièrement par le biais de messages vidéo sur YouTube. « Il est important d’utiliser tous les moyens utiles afin que nous, les peuples invisibles du Québec, ayons aussi une voix dans cette campagne électorale », a déclaré le Chef de l’APNQL, Ghislain Picard, au dévoilement de la première capsule vidéo s’adressant aux partis politiques fédéraux.

L’APNQL désire ainsi prendre une part active dans cette campagne électorale et invite les partis à prendre position sur les sujets qui les concernent. « Au lendemain du vote, la question des
Premières Nations demeurera entière, comme le sera l’exaspération du leadership des Premières Nations sur l’indifférence du processus politique à l’endroit des questions qui occupent notre quotidien. Il est donc tout à fait légitime de se poser la question et d’essayer de savoir ce que ça prend pour faire bouger les choses », affirme le Chef Picard.

L’utilisation des moyens virtuels est apparue nécessaire après maintes tentatives infructueuses par le biais des médias traditionnels. Les clips vidéo abordant les sujets de l’habitation, de l’éducation, des conditions socioéconomiques et de la santé pourront être visualisés sur YouTube ou sur le site Internet de l’APNQL à l’adresse www.apnql-afnql.com et sur YouTube.

Nous pouvons que leur souhaiter bonne chance!

Tracer la voie de l'autonomie gouvernementale

L’Université de Montréal était l’hôte cette semaine d’une importante conférence portant sur le thème de l’autonomie gouvernementale autochtone. Une centaine de chercheurs et étudiants universitaires, de toutes disciplines, se sont réuni les 10 et 11 octobre, dans le cadre du projet de recherche « Peuples autochtones et gouvernance », dirigé par Pierre Noreau, professeur et chercheur au Centre de recherche en droit public (CRDP).

Ce regroupement constitue un des plus grands groupes de recherche sur les questions autochtones du Canada, réunissant des chercheurs en études constitutionnelles, en économie, en anthropologie, en philosophie et en science politique ainsi que de nombreux groupes autochtones du Canada.

Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) consacre 2,5 millions de dollars à ce projet visant à élaborer des modèles de gouvernance autochtone qui allient les conditions de la modernité et les traditions anciennes. Composée de 39 chercheurs provenant de 21 universités canadiennes, l’équipe de recherche travaille en collaboration avec de nombreuses associations autochtones afin de proposer des modèles de gouvernance autochtone et de relations entre les peuples autochtones et l’État.

Plus d’information disponible sur le site Internet www.pag-ipg.com.

mercredi 13 août 2008

Se souvenir de 10 000 ans de présence...

Le 9 août, décrété par l’ONU, est la Journée internationale des peuples autochtones. Pour la première fois, les Premières Nations du Québec ont souligné cette Journée en organisant un grand événement sur la Place D’Youville, à Québec. En cette année du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, les Premières Nations ont tenu à rappeler que la vie sur ce continent n’a pas commencé avec Christophe Colomb. Leurs ancêtres occupent se territoire depuis quelque 10 000 ans, soit bien avant l’arrivée de l’Homme Blanc.

Il y a 400 ans, ils ont accepté de partager le territoire avec les nouveaux arrivants. Ils ne se doutaient pas de ce qui allait leur arriver… Pendant plusieurs années, les relations ont été bonnes, respectueuses et mutuellement profitables. Malheureusement, les choses ont vite changé. Les Premières Nations se sont rapidement heurtées à des mesures assimilationnistes et discriminatoires; mesures qui ont encore échos en 2008. Les politiques colonialistes des gouvernements ont eu des conséquences néfastes importantes. Nous n’avons qu’à rappeler le scandale des pensionnats indiens, dont les effets se font toujours sentir aujourd’hui dans nos communautés.

Néanmoins, les Premières Nations demeurent présentes et incontournables dans la construction du Québec d’aujourd’hui et de demain. Elles peuvent être fières de leur langue, de leurs valeurs ainsi que de leur culture.

lundi 4 août 2008

Les Mohawks, tous des criminels?

J'ai été récemment estomaqué par des propos tenus deux journalistes respectés. Dans l'un, écrivant son blogue pour la revue L'Actualité, Michel Vastel affirme que : ''les Mohawks - en particulier ceux de Kanesatake - ne sont pas de vrais autochtones dont nous sommes tous prêts à reconnaître les droits fondamentaux. Ils sont des anarchistes doublés de dangereux criminels". Ce commentaire, pour le moins exagéré, me laisse perplexe et inquiet.

Dans un texte sur l'actualité sportive, le journaliste de La Presse, Réjean Tremblay, a fait un commentaire qui laisse aussi entendre que les Mohawks sont tous des criminels. Saluant le travail du Procureur de la Couronne qui a porté des accusations contre le fils de Patrick Roy pour son agression contre un autre gardien sur la patinoire, Réjean Tremblay écrit: "Peut-être pourrait-on dépêcher ce procureur courageux à Kahnawake et à Kanesatake? Si un crime est un crime? Non?" Ce commentaire, tout aussi gratuit qu'inutile, est l'illustration frappante d'un préjugé largement répandu dans l'opinion publique: les Mohawks sont tous les criminels, ils ne respectent pas les lois du Québec et ne sont jamais traduits devant les tribunaux.

Je ne suis plus étonné de lire ce genre de propos dans le Journal de Montréal. Mais que des journalistes respectés comme Vastel et Tremblay, utilise à leur tour le préjugé comme un gros ballon de plage, m’étonne et me choque.

jeudi 12 juin 2008

Les excuses du Canada devront être suivies de gestes concrets

Hier, le premier ministre du Canada a présenté ses excuses aux survivants des pensionnats indiens en raison des abus que ceux-ci ont subis. Ces abus sont bien connus et méritent certainement des excuses du gouvernement canadien.

Plus de 15 000 personnes (probablement plus) des Premières Nations du Québec ont connu cette période tragique, ont été arrachées de leur famille dès l’âge de 6 ans (parfois 5), pour être transportées dans un pensionnat, où elles devaient rester dix mois par année. L’objectif, clair et avoué, était d’assimiler le jeune autochtone à la société canadienne. La méthode était catégorique et cruelle. Les punitions physiques étaient fréquentes et atteignaient souvent des proportions inacceptables. Plusieurs y ont même perdu la vie.

Les pensionnats ont laissé des traces importantes. Ses effets dévastateurs sont perceptibles dans plusieurs communautés.

Les excuses du premier ministre et de tous les membres de la Chambre des Communes sont un baume mais ne représente certainement pas une finalité. Le Canada doit reconnaître que les pensionnats sont une composante, parmi bien d'autres, d'une politique d'assimilation qui existe toujours. Après ses excuses, le gouvernement doit donc passer aux actes. Voir un article intéressant sur le sujet.

Les Wendats

Même si les Européens leur avaient donné le nom de Hurons, à cause de leur chevelure en forme de hure (tête du sanglier), les Wendat eux-mêmes se sont toujours désignés sous l’appellation de Wendat qui signifie « les gens de l’île », en référence à leur région d’origine, dans la baie géorgienne des Grands Lacs, au sud-est de l’Ontario.

Les Wendat formaient à l’époque une confédération très puissante composée de quatre nations : celles de l’Ours, de la Corde, du Rocher et du Cerf. Cultivateurs de maïs, de courges, de fèves et de tabac à grande échelle, ils étaient également de bons commerçants et leur réseau s’étendait des Grands Lacs à l’Atlantique et de la Pennsylvanie à la baie d’Hudson. Leurs villages étaient sédentaires. Ravagée par des épidémies apportées par les Européens ainsi que par les guerres, la population des Wendat chuta dramatiquement au début du 17e siècle, passant enmoins de vingt ans de plus de 30 000 membres à quelques milliers de survivants. Fuyant la région des Grands Lacs, quelque 300 d’entre eux se réfugièrent à Québec en 1649. Ils s’établirent tout d’abord sur l’île d’Orléans jusqu’en 1657, avant de déménager plusieurs fois et de s’installer définitivement près de la rivière Saint-Charles sur le site actuel de Wendake, en 1697. C’est aujourd’hui la seule communauté de la nation wendat au Canada. Ses territoires de chasse sont situés au nord du Saint-Laurent, entre les rivières Saguenay et Saint-Maurice.

Aujourd’hui, on compte 3 012 Wendat dont environ la moitié demeure dans la communauté. Reconnus pour leur sens de l’hospitalité et de l’entreprenariat, les Wendat possèdent l’une des communautés autochtones les plus urbanisées et prospères au Québec. Les Wendat ont remplacé l’usage de leur langue d’origine par le français, mais ont à coeur de se la réapproprier.

Les Naskapis

Autrefois, les Naskapis étaient un peuple nomade qui tirait sa subsistance presque entièrement de la chasse au caribou et à d’autres animaux à fourrure, ainsi que de la pêche blanche. Pratiquant une chasse collective, ils suivaient les migrations des grands troupeaux de caribous sur les vastes territoires du Grand-Nord. Ils ont vécu au sud de la baie d’Ungava jusqu’au 19e siècle, avant de se déplacer vers Schefferville où un nouveau poste de traite avait été établi.

Inauguré en 1984 à la suite des accords de la Convention duNord-Est québécois (CNEQ), le village de Kawawachikamach est la seule communauté naskapie au Québec et au Canada. Il se trouve à quelques dizaines de kilomètres au nord-est de Schefferville, à proximité du Labrador et non loin de la communauté innue de Matimekosh. Ses 585 résidents composent la presque totalité de la nation naskapie. Tous parlent encore leur langue ancestrale, l’anglais étant la langue seconde. La CNEQ a accordé à la nation naskapie un droit exclusif de chasse et de pêche, ainsi qu’une indemnité financière. La Société de développement des Naskapis a été mise sur pied en 1979 pour administrer les fonds reçus et conclure différents partenariats. Depuis sa création, différents projets ont vu le jour et ontpermis aux Naskapis de participer à leur propre développement.Mais la fermeture de la ville de Schefferville et les pertes d’emplois qui en ont résulté ont assombri les perspectives économiques de la nation qui cherche encore des solutions pour se relever de cette impasse.

Culturellement et linguistiquement, les Naskapis s’apparentent pour beaucoup aux Cris et aux Innus.

Les Mohawks

La nation mohawk fait partie de la Confédération iroquoise des cinq nations (agrandie à six en 1720), dont le territoire, au 17e siècle, avait une superficie d’environ 35 000 km2. Ces nations, relativement autonomes, entretenaient des rapports constants et représentaient, ensemble, une force impressionnante. Excellents hommes de défense, les Mohawks étaient devenus les alliés des Anglais dans les guerres franco-anglaises, ainsi que leurs partenaires commerciaux. L’économie de subsistance des Mohawks était basée sur l’agriculture, l’artisanat et les activités traditionnelles de chasse, de pêche et de cueillette. Au contact des Européens, leur vie s’est radicalement transformée.

À partir du 17e siècle, les Mohawks se sont établis graduellement auprès de villages anglais. Après plusieurs déménagements, ils se sont installés en 1717 sur le site de Kahnawake. En 1721, un groupe s’est à nouveau déplacé vers un village algonquin du lac des Deux-Montagnes, nommé plus tard Kanesatake. La troisième communauté mohawk, Akwesasne, se trouve aujourd’hui à la frontière du Québec, de l’Ontario et des États-Unis.

La nation mohawk comprend plus de 11 410 membres au Québec (sans compter la communauté de Akwesasne) dont seulement 2 693 vivent hors communauté. Elle compte d’autres communautés en Ontario et aux États-Unis. Même si la langue mohawk est enseignée au primaire et au secondaire comme à Kahnawake, seulement 15 % des Mohawks l’utilisent, l’anglais étant la langue d’usage.

La société mohawk traditionnelle est matrilinéaire, ce qui signifie que les liens de filiation sont établis selon l’ascendance maternelle et que les enfants appartiennent au clan de leur mère.

Les Micmacs

Au 15e siècle, les Mi’kmaq occupaient la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et la partie sud de la péninsule gaspésienne. Nomades, ils vivaient essentiellement de leurs activités de chasse, de trappe, de pêche et de cueillette de plantes et de fruits. Habiles navigateurs, ils voyageaient sur tous les cours d’eau de la région de la baie des Chaleurs et dans le golfe du Saint-Laurent jusqu’aux îles Saint-Pierre et Miquelon. L’arrivée des Européens, les maladies nouvelles que ceux-ci apportèrent et l’apparition de la traite des fourrures ont bouleversé le mode de vie traditionnel des Mi’kmaq, déclenchant guerres et autres catastrophes. Après avoir été décimés à presque 90 %, ils ont été également dépossédés de leurs territoires par l’avancée de la colonisation. Ce n’est qu’au 19e siècle qu’ils récupérèrent une toute petite partie de leur ancien territoire.

Au Québec, les trois communautés se trouvent en Gaspésie : Listuguj, Gesgapegiag et Gespeg, cette dernière n’ayant pas de territoire défini. La nation mi’kmaq compte 4 944membres, dont 2 416 vivent hors communauté. De cette population, 40 % parlent toujours la langue ancestrale. L’anglais est la langue seconde.

vendredi 30 mai 2008

Les Malécites

Les Malécites, dont le nom d’origine incertaine aurait été répandu par les missionnaires, se désignent plutôt sous l’appellation weastukwiuk qui signifie « de la belle rivière », en référence au fleuve Saint-Jean, entre le Nouveau-Brunswick et le Maine. De tradition semi-nomade, ils avaient leurs territoires de chasse et de pêche le long de ce fleuve et pratiquaient

Egalement l’agriculture. Tout en leur confisquant leurs territoires pour les concéder aux colons blancs, le gouvernement canadien a tenté de sédentariser les Malécites en 1827 en leur offrant des terres à Viger, près de la rivière verte, en Gaspésie. Une trentaine de familles s’y installent,

mais pour peu de temps, préférant retrouver leur liberté de mouvement. Viger est finalement revendu à des colons en 1869 et le gouvernement, à peine sept ans plus tard, crée une

autre réserve à Whitworth. Cette dernière, près de Rivière-du-Loup, ne compte que 169 hectares impropres à l’agriculture et les Malécites l’abandonnent rapidement. En 1891, Cacouna devient une nouvelle réserve, d’à peine un quart d’hectare.

Encore une fois, les Malécites choisissent d’autres horizons et se dispersent dans la région. C’est en 1987, après de nombreuses recherches, que 130 descendants se réunissent pour former un conseil de la nation et élire un chef. Officiellement reconnue en 1989 en tant que dixième nation autochtone du Québec, la Première Nation malécite de Viger oeuvre désormais activement pour la reconnaissance de ses droits.

Sa population atteint présentement près de 764 membres, identifiés selon le mode d’appartenance défini par la coutume malécite. La langue malécite, proche parente de l’abénaquis, n’est plus parlée et les Malécites s’expriment maintenant en français. Le territoire de la nation se limite aujourd’hui aux réserves de Whitworth et de Cacouna, la plus petite réserve au Canada. Les Malécites refusent de se voir confinés dans leurs réserves et celles-ci ne comptent aucun commerce ni résidence permanente.