dimanche 16 décembre 2007

Dumont chez les Indiens

Comment ne pas parler du commentaire de Mario Dumont, qui a ridiculisé une légende autochtone cette semaine? En soulevant de façon dénigrante la légende de Gouskap proposée dans le corpus du nouveau cours d'éthique et de culture religieuse, le Chef de l'ADQ a peut-être réussi à marquer des points chez un électorat québécois de droite... qui semble plus important que je ne le croyais. Remarquez que c'est peut-être la Commission Bouchard-Taylor qui grossie la réalité mais j'ai l'impression que la droite prends de plus en plus de place au Québec. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour bien du monde, mais surtout pas pour les Premières Nations! Non seulement ferme-t-on les yeux sur les Premières Nations et leurs réalités (ce ne sont pas des peuples invisibles, comme le dit Richard Desjardins, mais des peuples ignorés...), de plus en plus de personnes attaquent les Premières Nations pour mousser leurs idées. Mario Dumont en est un bon exemple. Il se fout bien de savoir que Gouskap est une légende abénaquise, il se fout de la culture abénaquise de toute façon! Et, il est bien facile d'attaquer les Premières Nations... parlez-en au Journal de Montréal. C'est facile de dire que les "Indiens ne paient pas de taxes" ou "ne paient pas leur électricité"... puisque ce sont des "contrebandiers (vente de cigarettes)", ce n'est certainement pas un bel exemple pour notre jeunesse... surtout pas dans les cours d'éthique et de culture religieuse!
Pourtant, les Québécois auraient tout intérêt à connaître les Premières Nations, leurs cultures et, surtout, le rôle qu'ils ont joué dans la construction du Québec que l'on connaît aujourd'hui. Les Premières Nations, avec leurs cultures et leurs identités propres, sont un élément fondamental du Québec. Nier les Premières Nations, leurs droits, leurs cultures, c'est nier une partie du Québec.
Cette sortie de Mario Dumont illustre l'ignorance des Québécois à l'égard des Premières Nations mais aussi, je le crains, d'un certain "je-m'en-foutisme" dont grand nombre de Québécois à l'égard des Premières Nations. Le maire d'Oka avait la même attitude en 1990...
Ce qui est désolant dans toute cette histoire, c'est l'absence de réaction des leaders non-autochtones. Si des propos semblables avaient été tenus à l'égard d'un mythe juif ou d'un conte chinois, quelles auraient été les réactions vous croyez? Je suis vraiment découragé devant ce manque total de respect pour des peuples qui méritent vraiment mieux. Facile de salir les Premières Nations; facile aussi de fermer les yeux; que voulez-vous, ce sont des "peuples invisibles"...
Pour lire sur la légende de Gouskap et quelques autres, un texte d'Arthur Guindon publié en 1920: En mocassins.

dimanche 9 décembre 2007

Les Premières Nations brassent la cage d'Ottawa

Je suis présentement à Ottawa, en compagnie d'une importante délégation de chefs et membres des Premières Nations du Québec qui vont prendre d'assault, demain (10 décembre), le parlement d’Ottawa. Plusieurs activités et rencontres politiques sont prévues afin de sensibiliser le gouvernement fédéral et les partis d’opposition aux enjeux et objectifs des Premières Nations du Québec. L'objectif est de « brasser la cage » et de faire pression sur le gouvernement fédéral. Certains trouveront ironique que mon premier véritable blogue, sous le chapeau de "Les Premières Nations et le Québec", concerne Ottawa. Ironique, certes mais une réalité souvent méconnue: le gouvernement fédéral a un pouvoir immense sur les Premières Nations (en vertu de la Loi sur les Indiens, entre autres).
Au cours de cette journée de lobby, une douzaine de Chefs rencontreront différents politiciens fédéraux, dont le ministre des Affaires Indiennes, le Chef du Bloc Québécois, et le Chef du NPD. Cette opération de lobby est aussi l’expression d’une lassitude profonde des Chefs des Premières Nations du Québec face à l’inaction du gouvernement fédéral dans de nombreux dossiers. Des exemples: le sous-financement de l'éducation des Premières Nations (qui relève du fédéral, contrairement au réseau québécois d'enseignement). Actuellement, la formule de financement des écoles des PN contient 0$ pour la formation professionnelle, 0$ pour le matériel informatique, 0$ pour l'achat de livres par les bibliothèques scolaires, 0$ pour des activités parascolaires de sport ou de loisirs... alors que les Premières Nations cherchent des solutions au problème endémique de décrochage.
Autre exemple: pendant que le gouvernement fédéral encaisse des surplus gargantuesques, il refuse de mettre en place les moyens nécessaires pour s'attaquer à la crise de logements qui sévit chez les Premières Nations. Au Québec seulement, demain matin, il faudrait construire 8800 nouvelles unités de logement pour satisfaire aux normes minimales...
Il existe de nombreux autres griefs, qui se résument tous par un manque de volonté politique flagrante. Souhaitons que cette journée de lobby permette d'ouvrir les yeux à certains politiciens. Personnellement, je suis moyennement sceptique mais j'encourage les leaders des Premières Nations à multiplier ce type d'activités qui permet de rappeler que les Premières Nations ne sont pas des groupes de pression mais des peuples distincts.

samedi 8 décembre 2007

Bloguer sur les Premières Nations ?!!

Bonjour,

Après plusieurs mois, plusieurs années même, je décide aujourd'hui de lancer mon propre blogue sur les relations entre les Premières Nations et les Québécois (ou le Québec). Celui qui m'avait donné l'idée est Rémy Trudel, alors qu'il était ministre responsable des Affaires autochtones au gouvernement du Québec (2003). Je travaillais au sein de son cabinet, à titre d'attaché politique aux affaires autochtones. Nous étions dans la tempête médiatique causée par l'annonce d'une entente de principe entre les gouvernements (Québec et Canada) et quatre communautés innues. Nous n'arrivions pas (et somme jamais arrivés!) à prendre le contrôle du message qui était largement et radicalement opposé au projet d'entente. Quelques années plus tard, je travaille à titre de consultant en communication pour les Premières Nations et je réalise à quel point il est difficile de communiquer, de façon efficace, les messages que souhaitent transmettre les leaders autochtones du Québec. Plusieurs raisons expliquent cette situation. Nous y reviendrons... en plus des autres moyens (traditionnels) de communication utilisés, j'ajoute aujourd'hui le blogue, en me rappelant des paroles de Rémy Trudel: "le blogue, c'est l'avenir des communications publiques".

À bientôt!