lundi 24 mars 2008

Les Cris

Les territoires cris se situent dans la région de la baie James, à la limite limite de la forêt boréale et de la taïga. Dans la partie la plus nordique du Québec accessible par la route, on compte neuf communautés cries. Celles qui se trouvent le long du littoral de la baie James et de la baie d’Hudson sont désignées par les Cris sous le nom de wiinipakw (« la mer ») : Waskaganish, Eastmain, Wemindji, Chisasibi et Whapmagoostui, cette dernière étant juxtaposée à la municipalité inuite de Kuujjuarapik, tandis que les quatre autres villages sont appelés nuuchimiich (« à l’intérieur des terres ») : Nemiscau (Nemaska), Waswanipi, Oujé-Bougoumou et Mistissini.
Plus de 88 % des 14 886 Cris présents au Québec vivent dans les communautés. Les Cris sont des iiyiyuu ou iinuu, ce qui signifie simplement « les gens » ou « le peuple ».
La langue crie est enseignée autant à la maison qu’à l’école, c’est pourquoi environ trois Cris sur quatre la parlent quotidiennement. L’anglais demeure la langue seconde. Après avoir été des acteurs de premier plan dans la traite des fourrures à l’époque de la colonisation, les Cris se sont également retrouvés au centre des négociations menées en 1975 avec les gouvernements fédéral et provincial concernant l’exploitation hydroélectrique de leurs territoires, marquant ainsi un tournant décisif dans leur mode d’autogestion. La convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) leur a permis de mettre en place des structures administratives telles que l’Administration régionale crie, le Conseil régional de la santé et des services sociaux cris, l’Office de la Sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris et la Commission scolaire crie.
Le Grand Conseil des Cris, mis sur pied avant la CBJNQ, demeure l’organisme politique principal représentant les Cris auprès des différents gouvernements. De plus, l’Administration régionale crie gère les services et les programmes offerts aux collectivités, notamment en matière d’habitation et d’environnement.

Les Atikamekw

Uniquement présents au Québec, les Atikamekw, dont le nom signifie « corégone », sont au nombre de 6 042 et vivent en grande majorité dans leurs communautés. Leur vaste territoire, qu’ils appellent Nitaskinan, situé dans la région de la rivière Saint-Maurice, s’étend de la rivière Gatineau jusqu’au lac Saint-Jean d’un côté, et jusqu’au nord du réservoir Gouin de l’autre, soit dans les régions de Lanaudière et de la Mauricie.

Les Atikamekw vivent en plein coeur de la forêt boréale, entre les territoires des Montagnais, des Algonquins et des Cris, dans une région parsemée de nombreux cours d’eau. L’arrivée des étrangers dans leur territoire, au milieu du xixe siècle, n’a pas eu d’impact immédiat sur leur mode de vie. Ce n’est qu’au début du xxe siècle que les effets se sont fait sentir avec la construction du chemin de fer, la mise en chantier des barrages sur les bassins de la rivière Saint-Maurice, l’afflux de main-d’oeuvre non autochtone et le refoulement des Atikamekw dans les réserves.

Les Atikamekw sont répartis en trois communautés :
Obedjiwan (Opitciwan) et Wemotaci en Mauricie, et Manawan dans Lanaudière. Ils possèdent également un autre lieu de campement ancestral, la communauté inhabitée de Coocoocache (qui veut dire « hibou »). Loin des centres urbains, les Atikamekw ont pu conserver leurs coutumes et leur langue, qui est enseignée dans les écoles primaires. Le français est la langue seconde et certains aînés ne parlent que l’atikamekw.

Parmi toutes les autres collectivités autochtones au Canada, seuls les Inuits atteignent un taux de conservation de la langue maternelle comparable à celui des Atikamekw.

samedi 15 mars 2008

Les Anishnabe (Algonquins)

Le mot Anishnabe (Anishinabeg), par lequel les Algonquins se désignent, signifie « être humain issu de cette terre ». Au Québec, les Algonquins sont au nombre de 9 278, et 57 % d’entre eux résident dans leurs communautés. Leur territoire ancestral, qui s’étendait du lac des Deux-Montagnes jusqu’en Abitibi-Témiscamingue et en Ontario, se limite aujourd’hui à neuf communautés, ainsi qu’à des territoires de quelques hectares, eux-mêmes partiellement occupés par les compagnies forestières et minières et par les trappeurs non autochtones.

Jusqu’au xixe siècle et même, dans certains cas, jusqu’au 20e siècle, les Algonquins ont pu conserver leur mode de vie nomade et leurs pratiques spirituelles ancestrales. Cependant, leur sédentarisation s’est accélérée au début du xxe siècle, avec l’ouverture de l’Abitibi à la colonisation et l’arrivée massive de prospecteurs et de bûcherons. Les pensionnats ont également perturbé le mode de vie ancestral et familial des Algonquins qui en conservent encore aujourd’hui un souvenir douloureux. Malgré cela, les Algonquins, qui restent avant tout des chasseurs et des pêcheurs, n’ont cessé d’honorer leur lien avec la nature, et certaines familles passent encore tout l’hiver dans leur territoire de chasse, à la façon de leurs ancêtres.

Les deux plus grandes communautés sont également les plus anciennes : Kitigan Zibi (Maniwaki) en Outaouais et Timiskaming en Abitibi-Témiscamingue. Entre celles-ci se trouvent les territoires traditionnels des autres communautés : Hunter’s Point (Wolf Lake), Winneway (Long Point), Eagle Village (Kipawa), Pikogan (Abitibiwinni), Lac Simon, Kitcisakik (Grand Lac Victoria) et Rapid Lake (Barrier Lake).

La majorité de ces communautés sont accessibles par le réseau routier, bien que certaines soient toujours isolées.

La langue algonquine, très semblable à l’ojibwé, est parlée par 60 % des Algonquins. Leur langue seconde est l’anglais ou le français, dépendamment des communautés. Certains aînés ne parlent toutefois que la langue ancestrale. Afin de conserver la culture bien vivante, certaines communautés enseignent la pratique d’activités ancestrales, telles que l’artisanat, la chasse, la trappe et la médecine traditionnelle, aux élèves de niveaux primaire et secondaire.

jeudi 13 mars 2008

Les Abénaquis

Leur nom est dérivé des termes wabun (l’aube) et aKi (la terre) et signifie «peuple du soleil levant» ou «peuple de l’Est». La légende raconte qu’au début, alors qu’il n’y avait que des plantes et des animaux sur la terre, le Grand Esprit aurait sculpté l’Abénaquis et sa compagne dans un grand frêne droit. Ainsi serait né le peuple de l’Est. Au Québec, la nation abénaquise compte deux communautés, Odanak et Wôlinak, dont les superficies combinées ne dépassent pas les sept kilomètres carrés.
Elles sont situées dans la région du Centre-du-Québec, sur les rives de la rivière Bécancour et de la rivière Saint-François, non loin de Trois-Rivières et de Sorel. Ces deux rivières font partie des terres ancestrales abénaquises qui s’étendaient du Nord-Est des États-Unis (incluant les régions des Bois-Francs et de l’Estrie) jusqu’en Mauricie. Compte tenu de leur emplacement géographique actuel, l’agriculture a supplanté la chasse, la pêche et la trappe en tant qu’activité traditionnelle des Abénaquis.
La population abénaquise est composée au Québec de 2 072 membres, dont la grande majorité demeure hors communauté. Ayant pratiquement perdu l’usage de leur langue d’origine, ils parlent le français et l’anglais. Ils entretiennent de bonnes relations avec les Abénaquis aux États-Unis, avec qui ils travaillent à la revitalisation de la culture et de la langue communes.

Qui sont les Premières Nations ?

Plusieurs m’ont demandé de décrire les Premières Nations et d’expliquer qui elles sont. Alors, je vous présente dans les prochaines capsules, une courte description des Premières Nations du Québec tirée de Regard sur les Premières Nations, document d’information de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (avec autorisation de la CSSSPNQL).

Vous trouverez également ces descriptions dans un essai que j’ai récemment publié en collaboration avec Denis Bouchard (le comédien) et Ghislain Picard (Chef de l’APNQL), « De Kebec à Québec – cinq siècles d’échanges entre nous » (Éditions Les Intouchables). Si vous souhaitez participez au lancement, il aura lieu le 17 janvier, de 17h à 19h, au restaurant Fourquet Fourchette, situé 265 rue Saint-Antoine Ouest, Montréal. Pour info: 514-303-7108.