lundi 12 janvier 2009

Attention, les Premières Nations ne sont pas des immigrants !

La Chef du Parti Québécois vient d’annoncer la nomination de son « cabinet fantôme ». En confiant à Camil Bouchard (député de Vachon) les responsabilités en matière de « Relations avec les Premières Nations, Immigration et Communautés culturelles », elle envoi un message qui risque de déplaire aux principaux concernés. Les Premières Nations ne sont pas des immigrants. Les dossiers qui les concernent ne sont aucunement assimilables à ceux des communautés culturelles. Les autorités publiques ont habituellement le réflexe de ne pas mettre « Premières Nations » et « communautés culturelles » dans le même panier. À titre d’exemple, la Commission Bouchard-Taylor avait, dès le départ, affirmé que la question des relations avec les Premières Nations –même si elles ont certaines similitudes- ne pouvaient pas faire l’objet de leur mandat, que cette question relevait d’une toute autre dimension nécessitant une réflexion distincte et particulière. La grande majorité des organisations autochtones ont d’ailleurs délibérément refusé de participer à cette commission, justement afin de ne pas confondre les genres.

Après la très mauvaise nomination de Pierre Corbeil à titre de ministre responsable des Affaires autochtones, vertement critiquée par l’ensemble des experts et observateurs, ainsi que dénoncée par les Premières Nations elles-mêmes, on était en mesure de s’attendre à mieux de la nouvelle Chef de l’Opposition officielle. La nomination de Pierre Corbeil a au moins le mérite d’accorder une grande importance au dossier autochtone en assurant qu’un ministre y sera dédié à 100%. On ne peut en dire autant du nouveau critique de l’Opposition officielle. La députation péquiste est pourtant suffisamment nombreuse pour que les responsabilités des relations avec les Premières Nations ne soient diluées avec d’autres responsabilités.


D’autant plus que les relations avec les Premières Nations est d’une importance capitale pour l’avenir du Québec et qu’il s’agit probablement de l’un des plus importants défis qui attend le Québec au cours des prochaines années, notamment dans le développement des régions. Les Premières Nations sont présentement engagées dans une démarche d’affirmation de leurs droits (Déclaration sur un processus d’affirmation de souveraineté, adoptée par l’Assemblée des Chefs le 27 novembre 2008) qui, nécessairement, exigera la définition d’une relation de type « de nation-à-nation ».


Le choix de Pierre Corbeil comme ministre des Affaires autochtones est une erreur parce qu’à titre d’ancien ministre des Ressources naturelles, ses relations avec les Premières Nations étaient (et sont) des plus mauvaises. Quant on sait que l’un des plus importants projets du premier ministre Jean Charest est son « Plan Nord », comment ne pas voir d’un mauvais œil la nomination de l’ancien ministre des Ressources naturelles aux Affaires autochtones ? Comme d’autres observateurs l’ont souligné, c’est un peu comme « faire entrer le loup dans la bergerie ». Dans un récent billet, je qualifiais donc cette nomination de « déclaration de guerre » du premier ministre.


Est-il nécessaire de rappeler que c’est en 1985 (par un gouvernement péquiste justement) que l’Assemblée nationale a reconnu que les Premières Nations forment des « nations distinctes » et qu’elles possèdent des droits particuliers parce qu’elles occupent le territoire actuel du Québec depuis plus de 5 000 ans. Ce ne sont donc pas des immigrants (c’est tout le contraire !) et ne doivent d’aucune façon être traitées comme des minorités culturelles du Québec.


Il faut surtout éviter de considérer les Premières Nations comme une « clientèle », au même titre que « les jeunes », « les femmes », « les communautés culturelles », etc. Les relations entre le Québec et les Premières Nations est d’un tout autre ordre. Et, si l’on veut créer de véritables relations de Nation-à-Nation avec les Premières Nations, il faut commencer par leur accorder le sérieux et l’importance qu’elles méritent.