vendredi 8 mai 2009

La Déclaration de l'ONU (1)

Le 13 septembre 2007, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté, par un vote de 144 États, la Déclaration universelle sur les droits des peuples autochtones. Seulement quatre (4) pays ont voté contre: l'Australie, les États-Unies, la Nouvelle-Zélande et... le Canada. Depuis, les Premières Nations tentent de convaincre le gouvernement de revenir sur sa position et d'appuyer cette Déclaration qui se compare à la Déclaration universelle des droits de l'Homme.

Récemment, l'Australie est revenue sur sa position et a décidé d'appuyer la Déclaration. Des rumeurs circulent à l'effet que la Nouvelle-Zélande et les États-Unis vont aussi bientôt appuyer la Déclaration. Le Canada deviendrait ainsi le seul États au Monde à s'opposer à cet outil international de reconnaissance des droits des peuples autochtones. Bizarre non?

Dans deux semaines aura lieu la 8e session de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, à New York. Des milliers de représentants des peuples autochtones du Monde seront présents, dont plusieurs chefs de Premières Nations du Québec. Ils profiteront de cette occasion pour interpeller à nouveau le gouvernement canadien.

Dans ce blogue, je vous expliquerai ce qu'est la Déclaration, pourquoi le Canada a voté contre et quel est l'avenir des droits des peuples autochtones sur la scène internationale.

vendredi 1 mai 2009

Pourquoi le pape ne s'excuse pas?

Cette semaine, une délégation de l'Assemblée des Premières Nations a rencontré la pape, une mission organisée dans le but d'obtenir des excuses officielles de l'Église catholique pour les sévices subis par les enfants autochtones ayant fréquenté les pensionnats indiens à la fin du XIXe siècle et jusqu'en 1970. Les faits sont troublants. Des milliers d'enfants ont été maltraités et ont été victimes de sévices corporelles et sexuelles dans ces pensionnats, dont la mission principale était l'assimilation de ces "sauvages" que le gouvernement souhaitait voir disparaître. La plupart de ces sévices ont été l'œuvre de curés qui étaient ouvertement raciste à l'égard des Premières Nations.

Au Québec, plus de 15 000 personnes ont connu cette période tragique, ont été arrachées de leur famille dès l’âge de 7 ans, pour être transportées dans un pensionnat, où elles devaient rester dix mois par année. L’objectif, clair et avoué, était d’assimiler le jeune autochtone à la société canadienne. La méthode était catégorique et cruelle. Les punitions physiques étaient fréquentes et atteignaient souvent des proportions inacceptables. Plusieurs y ont même perdu la vie.

Rapidement, les autorités des pensionnats ont réussi à instaurer chez ces enfants la honte d’être issus d’une Première Nation, d’être ce qu’ils sont. Leurs parents ont aussi développé la honte et le désarroi.

Les pensionnats ont laissé des traces importantes. Ses effets dévastateurs sont perceptibles dans plusieurs communautés.

Les victimes des pensionnats ne sont donc pas seulement celles qui y ont vécu. Beaucoup de personnes ont souffert et souffrent encore même si elles n’ont jamais fréquenté ces endroits. La douleur, la haine, la colère et l’incompréhension se transfèrent d’une génération à l’autre.

Reconnaissant ces faits et les torts causés, le gouvernement canadien a récemment formulé des excuses officielles au nom de la population canadienne. De son côté, le pape exprime des "regrets" mais ne s'excuse pas (lire l'article du Devoir)... pourquoi?

mardi 28 avril 2009

Pas si complexe que ça...

Depuis que je travaille sur les questions autochtones, le commentaire qui m'est fait le plus souvent est: "Ah! Que c'est complexe!". J'en suis venu à la conclusion que les gens vont spontanément affirmer que les questions autochtones est un sujet complexe, faute de vouloir se renseigner et de faire l'effort de chercher l'information.

Les questions autochtones ne sont pourtant pas si complexes que ça... pas plus, du moins, que d'autres sujets qui alimentent nos discussions quotidiennes entre amis ou qui garnissent journaux.

Si je peux me permettre de simplifier, je présenterais la chose de cette façon: les Autochtones (les Premières Nations et les Inuits) habitaient le territoire bien longtemps avant l'arrivée des premiers européens, donc bien avant la création de la Nouvelle-France. Celle-ci fut d'ailleurs créée grâce à des alliances et traités conclus (de Nation à Nation) entre la France et peuples autochtones qui possédaient et contrôlaient le territoire. Au fil des ans, les "Canadiens" sont devenus largement majoritaires sur le territoire et ont oublié les alliances passées avec les Autochtones, développant avec eux une relation basée sur le racisme et la négation de leurs droits fondamentaux. Plusieurs années plus tard (assez récemment, d'ailleurs), les tribunaux ont reconnu que les Autochtones ont été illégalement dépossédés de leurs droits et de leurs territoires et que la solution résidait dans des négociations qui permettraient: 1) une juste compensation pour les torts passés; 2) une nouvelle entente (traité moderne) permettant de concilier les droits des Autochtones et les droits de l'État.

La situation (ce que plusieurs appellent "le problème Indien") n'est donc pas complexe... mais (je le reconnais) les solutions peuvent l'être. J'y reviens dans un prochain blogue.

vendredi 3 avril 2009

Commerce mohawk du tabac: derrière la fumée...

Les médias québécois semblent s'intéresser à l'industrie du tabac à Kahnawake. De nombreux articles ont récemment été publiés dans de grands quotidiens de Montréal. Tous abordent le sujet sous l'angle de la criminalité, qualifiant la vente de cigarettes par les commerçants de Kahnawake de "contrebande", précisant que l'industrie des cigarettes autochtones est contrôlée par des organisations criminelles. Il y a certainement présence d'activités criminelles dans l'industrie du tabac dans les communautés mohawk (Kahnawake, Akwesasne et Kanesatake). Par contre, il est nécessaire de faire des nuances et départager ce qui est véritablement "criminel" de ce qui ne l'est pas.

Fondamentalement, la problématique du tabac autochtone, et particulièrement de la vente de cigarettes à Kahnawake, est de nature "fiscale". Les Mohakws de Kahnawake ne perçoivent (et ne facture) aucune taxe lorsqu'ils vendent des cigarettes à des non-Autochtones (ce qu'ils devraient faire en vertu de la Loi sur les Indiens, qui accordent une exemption fiscale qu'aux Autochtones dont le nom apparaît au Registre des Affaires indiennes). Cette situation n'est pas unique à la vente de cigarettes. Les Mohawks ne perçoivent aucune taxe, sur aucun bien vendu dans la communauté. On ne parle pourtant pas de "contrebande d'hamburger" ou de "contrebande de chips"...

Une bonne partie de ce qui est qualifié de "compétition déloyale" par les dépanneurs peut donc se résoudre par une entente fiscale entre Kahnawake et les gouvernements.

Il faut donc éviter de criminaliser l'ensemble de cette industrie qui, soit dit en passant, constitue le plus important employeur de la communauté et, conséquemment, permettant un développement économique qui est profitable non seulement à Kahnawake mais aussi à toute la région immédiate.

jeudi 19 mars 2009

Gaffe de Pierre Corbeil

Le ministre responsable des Affaires autochtones du Québec, Pierre Corbeil, a récemment signé une entente sur le développement durable des ressources en eau souterraine en Abitibi-Témiscaminque... sans consultation auprès des Algonquins qui détiennent pourtant un titre aborigène et des droits ancestraux sur les ressources en question.

Comme ministre des affaires autochtones, disons que ça manque de cohérence, pour dire le moins...

samedi 7 mars 2009

Un autre journaliste (encore!) aux propos tendancieux...

Dans un article portant sur une altercation(un fait divers) entre des Innus et des représentants du Regroupement des locataires de terres publiques(RLTP) paru dans le Journal de Québec, le journaliste Julien Cabana met de côté son professionnalisme journalistique, et la nécessaire objectivité, pour alimenter une fois de plus le mépris à l'égard des membres de la nation Innue et, du même coup de tous les Autochtones. Dans son article « Le RLTP menacé par des Innus », Cabana prend sa retenue partie pour les représentants du RLTP qui affirment avoir été menacés par des femmes innues qui ne se sont pas gênées de leur rappeler une certaine vérité. Il faut dire que la vérité fait mal, comme dit le dicton, surtout dans ce contexte. Cette vérité, la voici: les terres publiques de la Côte-Nord appartiennent aux Innus.

Je sais que ça peut choquer certaines personnes, mais c'est la réalité et c'est aussi un fait de droit. Pour être plus précis, il faut dire que le droit canadien reconnaît à certaines Premières Nations (et assurément aux Innus de la Côte-Nord) un titre aborigène, c'est-à-dire un droit au territoire lui-même qui se superpose au titre de la Couronne (du gouvernement provincial en vertu de la Constitution canadienne).

Ce que cet article démontre, ainsi que celui de Martineau précédemment et d'autres du même genre, c'est la nécessité de former les journalistes québécois aux questions concernant les peuples autochtones et, tout particulièrement, des questions de droit sur le territoire. Autrement, ces journalistes continueront d'écrire en fonction de mythes, de préjugés et d'une méconnaissance nuisible aux bonnes relations.

jeudi 5 mars 2009

Un autre journaliste qui parle à travers son chapeau !

Vous savez quel est le facteur le plus nuisible aux relations entre autochtones et Québécois? Les journalistes paresseux!

Hier, dans sa chronique intitulée "What the phoque?", Richard Martineau nous en donne un autre excellent exemple. Il y dénonce que : "Aucun chasseur canadien ne pourra vendre ses phoques en Europe... sauf les chasseurs inuits. En effet, puisque la chasse aux phoques est une tradition ancestrale chez les autochtones, le Parlement européen a accepté de permettre une exception à la loi. "

À noter qu'il emploi le terme "tradition" plutôt que "droit" pour parler de l'activité de chasse aux phoques pratiquée par les Inuits. De toute évidence, Richard Martineau ne connaît le concept des droits ancestraux des peuples autochtones; il ne connaît pas la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, un traité signé par la nation Inuit; il ne connaît pas la Motion de l'Assemblée nationale du Québec de 1985 qui reconnaît les peuples autochtones comme formant des nations distinctes, possédant des droits distincts; il ne connaît pas l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 qui garantie et protège des droits ancestraux et ceux issus de traités des peuples autochtones (dont les Inuits); il ne connaît pas la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, adoptée par une très forte majorité d'États, dont ceux de l'Europe...

Surtout, l'éditorial de Martineau est symptomatique de la paresse qui affecte plusieurs journalistes qui écrivent ou parlent de questions touchant les autochtones. La plus élémentaire erreur commise: confondre les Inuits à un groupe ethnique. Un peu plus et il qualifierait les Inuits et les Premières Nations d'immigrants! Il ne le fait pas mais il les aborde comme si c'était justement son point de vue.

Il est si facile de dénoncer le statut particulier des droits des peuples autochtones... ça fait vendre des copies, surtout au Journal de Montréal.