mardi 30 juin 2009

PN vs Canadiens: l'écart des conditions continue de s'élargir

Les enfants des Premières Nations continuent d'être nettement désavantagés par rapport au reste de la population, notamment en matière de santé et de mortalité infantile. C’est ce que confirme un récent rapport de l'UNICEF.

Selon ce rapport, un enfant de Première Nation sur quatre vit dans la pauvreté contre un sur neuf dans le reste de la population et la mortalité infantile y est deux à trois fois plus importante. Alors que le taux de mortalité infantile nationale est de 5 pour 1 000, il est de 8 pour 1 000 chez les Autochtones et de 16 pour 1 000 au Nunavut, où 85% de la population est inuite.

Le rapport de l’UNICEF démontre ainsi qu’il existe toujours d’importantes inégalités en matière de soins aux Premières Nations, alors que ces mêmes communautés sont déjà aux prises avec de mauvaises conditions sociales, résultats d’une longue politique de colonisation dont la pierre angulaire est la Loi sur les Indiens.

Le rapport nous indique notamment que le taux de vaccination des enfants vivant dans les réserves est de 20% inférieur à celui de la population générale ; et que de 33 à 45% des enfants de Première Nation ou inuits souffrent de maladies chroniques. Le taux de fécondité des adolescentes autochtones est en outre sept fois plus élevé que dans le reste de la population.

Le rapport conclu que « la situation des enfants des Premières nations, des Inuits et des Métis, reste deux à trois fois plus affligeante que celle des autres enfants canadiens ».

Ce constat n’est pas acceptable, en 2009, dans un pays qui se dit l’un des plus évolués de la planète.

dimanche 21 juin 2009

Bonne Journée nationale des Autochtones !

Aujourd'hui, 21 juin, est la Journée nationale des Autochtones. Cette journée est célébrée par de nombreuses communautés autochtones au Canada. Depuis trois ans, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a trouvé une façon originale de marquer cette Journée en organisant une activité de sensibilisation pour des représentants de groupes de la société civile québécoise. Cette activité, nommée "Journée portes ouvertes sur les Premières Nations" a eu lieu, cette année, à Trois-Rivières.

Une centaine de personnes ont participé à cet événement qui a été suivi par quelques médias. Voici l'article de L'Hebdo Journal.

lundi 15 juin 2009

Le Canada reconnaît le gouvernement autonome Cri

Le gouvernement du Canada vient d'adopter une loi qui confirme le statut de "gouvernement régional autonome" à l'Administration régionale Crie (ARC), une entité sous le contrôle du Grand Conseil des Cris. Il s'agit d'un pas de plus de la nation crie vers leur pleine autonomie politique... autrement dit de leur "souveraineté".

Il s'agit essentiellement de la même chose que réclament les chefs des autres Premières Nations du Québec qui, récemment, ont adopté une Déclaration sur un processus d'affirmation de la souveraineté. Par contre, ce qui a été reconnu ici aux Cris (et aux Inuits), ne l'est pas pour les autres nations autochtones. Même s'il apparaît évidemment que la solution à de nombreux problèmes passe par la conclusion d'ententes de type "Paix des Braves" avec toutes les nations autochtones, les gouvernements (autant le Québec que le Canada) refusent de s'engager dans cette voie. La raison officielle: ce type d'entente doit avoir lieu dans le cadre, ou après, une entente finale sur les revendications territoriales (la conclusion d'un traité), ce qui, en 2009, apparaît comme de plus en plus impossible à concrétiser.

Face à cette quadrature du cercle, l'APNQL ne voit qu'une solution: affirmation unilatérale de souveraineté.

Voir le communiqué de presse du gouvernement fédéral.

Voir la Déclaration de l'APNQL.

mercredi 10 juin 2009

Chef Ghislain Picard à l'ONU

Chose promise, chose due... voici la présentation du Chef Ghislain Picard à l'ONU (sur YouTube). je vous mets aussi son intervention lors de la 7e session de l'Instance permanente sur les questions autochtones (2008).

mardi 9 juin 2009

L'injonction est un voie légitime pour protéger ses droits

Récemment, le Conseil des Innus de Uashat-Mani-Utenam (Sept-Iles) a déposé une requête en injonction afin de stopper le projet de construction du barrage hydroélectrique de la rivière Romaine. Plusieurs, dont au moins un chef d'une autre communauté innue, ont déploré cette action judiciaire et tenté de discréditer l'opération. De son côté, le Chef Georges-Ernest Grégoire soutient que "Le projet affecte nos terres ancestrales. Ni le Québec, ni Hydro-Québec, ni le Canada ne respectent nos droits". Voir la conférence de presse.

Les droits qu'il évique sont des droits reconnus dans l'ordre juridique canadien, maintes fois consacrés par des décisions de la Cour suprême du Canada. Ce sont notamment des droits ancestraux, dont le fameux titre aborigène qui confère à la nation innue un droit au territoire lui même. La Cour suprême affirme, dans l'arrêt Delgamuukw: "le titre aborigène confère quelque chose de plus que le droit d’exercer des activités spécifiques à un site qui sont des aspects de coutumes, pratiques et traditions de cultures autochtones distinctives. [...] Ce que le titre aborigène confère c’est le droit au territoire lui-même".

L'utilisation des tribunaux, dans ce contexte, est tout à fait légitime. Les tribunaux servent à défendre et faire respecter ses droits, que ces droits soient écrits ou non. Dans le cas actuel, les Innus qui souhaitent faire respectger leurs droits n'ont que 2 options: les recours juridiques ou la désobéissance civile. Bien sûr, il y a aussi l'option de se taire et de laisser ses droits ignorés, voire bafoués. Je sais que plusieurs souhaiteraient que les Innus optent pour cette option. "On s'entendait très bien avec les Innus avant", m'a dit récemment un citoyen de la Côte-Nord... "avant" pouvant être traduit comme "lorsqu'ils se taisaient face aux abus de leurs droits".

jeudi 4 juin 2009

S'attaquer au vrai problème

La vaste opération policière d'hier menée notamment sur le territoire de Kahnawake est la meilleure façon de faire pour enrayer les éléments criminels du commerce de tabac dans la communauté mohawk. Depuis plusieurs mois, de nombreux observateurs et intervenants demandent aux gouvernements d'intervenir pour stopper complètement la fabrication et la vente de cigarettes à Kahnawake, prétextant qu'il s'agit d'un marché illicite de contrebande contrôlé par le crime organisé.

La réponse des autorités mohakw à ces allégations est que le commerce de cigarette est totalement légitime et légal (dans la mesure où il fait partie de leurs droits ancestraux), mais que le problème se situe au niveau de l'infiltration de ce commerce par des groupes du crime organisé non-autochtone.

La frappe policière d'hier donne raison aux Mohawk et prouve que l'élément "criminel" du commerce des cigarettes est contrôlé par les Hells Angels et leurs sympathisants, qui utilisent Kahnawake au détriment de ses citoyens.

L'opération policière est aussi, et surtout, la meilleure façon de faire. Alors que, d'un côté la police s'occupe des criminels, espérons que, de l'autre côté, les gouvernements accepteront de négocier avec les autorités mohawk d'une entente sur la règlementation du tabac dans la communauté. Le moment est tout à fait propice à une telle solution. Comme on dit: "le timing est bon".