mercredi 18 février 2009

Un peu d'histoire : La Conquête

Bien peu de gens connaissent le rôle des Premières Nations dans les événements qui ont culminé à la bataille des Plaines d'Abraham et la conquête de la Nouvelle-France par l'empire Britannique. Il est pourtant fondamental.

D'abord, il faut souligner que la domination de la France sur le Nouveau-Monde a été rendu possible grâce à l'appui des Premières Nations. Si les armés britanniques (pourtant supérieures en nombre que les armées françaises) connaissent beaucoup de difficulté contre les troupes françaises, c'est que les Français comptent sur de nombreux alliés autochtones. Les Britanniques subiront plusieurs défaites avant de goûter à la victoire en Acadie, en juin 1755.

Il serait intéressant de rappeler que c'est avec l'aide de ses alliés autochtones que le marquis de Vaudreuil (commandant en chef et gouverneur de la Nouvelle-France) prend d'assaut le fort anglais d'Oswego (lac Ontario) et réussit à détruire plusieurs établissements anglais en Nouvelle-Angleterre. Les victoires des troupes françaises se poursuivent jusqu'à l'été 1757, avec la prise du fort Carillon par Montcalm. À partir de ce moment, le vent tourne, notamment parce que les Français perdent, petit à petit, leurs alliés autochtones.

C'est que les Britanniques usent de stratégie et de diplomatie pour convaincre les nations autochtones à conclure des ententes de neutralité, dont le traité d'Oswegatchie, signé le 25 août 1760, ainsi que le fameux traité Murray qui permet aux Hurons-Wendats de s'installer en banlieu de Québec. Avec la perte de nombreux alliés autochtones, les Français devenaient une proie plus facile...

samedi 7 février 2009

Le Canada critiqué par 35 États à l'ONU

Quand il est question des droits des peuples autochtones, l’image du Canada n’est pas celle d’un grand défenseur des droits de l’homme. Hier, dans le cadre de l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme, le représentant du gouvernement canadien a été incapable de défendre et de justifier le mauvais traitement dont sont victimes les Premières Nations au Canada. Sur les 47 pays qui ont pu interroger le représentant du Canada, quelque 35 ont soulevé des inquiétudes profondes à l'égard du sort des peuples autochtone au Canada.

De nombreux pays, dont l'Autriche, le Mexique et la Norvège, ont vertement critiqué le Canada et l’ont sommé de revenir sur sa décision de ne pas appuyé la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, adoptée en 2007. Le Canada avait été l'un de quatre pays à voter contre le document.

Pour sa défense, le représentant du Canada a affirmé que la Déclaration « ne prévoit pas un équilibre entre les droits des autochtones et des non-autochtones».

« Cette position est grotesque et farfelue », a répliqué le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, soulignant que les lois du Canada ont créé, depuis très longtemps, un déséquilibre entre les autochtones et les non-autochtones.

mardi 3 février 2009

Budget fédéral : des peanuts pour les Premières Nations - 3

Comment justifier que le financement d'un étudiant de Premières Nations au Québéc soit la moitié du financement d'un étudiant québécois? Cette réalité est malheureusement peu connue. Son explication aussi: le financement de l'éducation des Premières Nations est la responsabilité du gouvernement fédéral (alors que l'éducation est une compétence provinciale), qui depuis toujours administre les "affaires indiennes" avec un objectif d'assimilation. Malgré les beaux discours, le gouvernement n'a aucunement l'intention de doter les Premières Nations d'un financement adéquat leur permettant d'offrir des services d'éducation équivalent à ceux offerts dans le reste du Canada.

Dans son budget, le gouvernement fédéral n’a rien prévu pour mettre fin au sous-financement de l’éducation des Premières Nations. Sauf pour quelques mesures pointues et nettement insuffisantes, les écoles des Premières Nations n’ont aucune raison de se réjouir, surtout que le fossé qui les sépare des autres écoles du Canada ne fera que s’accroître.

En refusant aux Premières Nations les moyens d’accéder à une éducation de qualité, le gouvernement du Canada ferme volontairement les portes de leur avenir.

jeudi 29 janvier 2009

Budget fédéral: des peanuts pour les Premières Nations - 2

Dans son budget, le gouvernement fédéral vient d'annoncer un fonds de 515 millions pour des projets d'infrastructures dans les réserves, et ce dans les trois secteurs prioritaires que sont les écoles (200M$), l'eau (165M$), les services communautaires essentiels en santé et services sociaux (135M$)et les services policiers (15M$).

Ces montants semblent importants et difficilement "criticables" aux yeux de l'opinion publique. Pourtant, quand on connaît la réalité et les besoins, ces sommes représentent une goute d'eau, loin de répondre aux immenses besoins. Un exemple: les besoins pour les infrastructures d'eau potable pour les Premières Nations au Québec seulement totalisent au moins 100M$ (est-il besoin de rappeler qu'il y encore des Premières Nations au Québec qui n'ont pas accès à l'eau potable?). Autre exemple: 2 casernes de police sur 3, dans les réserves, ont un besoin urgent de réparation ou rénovation. Ce n'est pas avec 1M$ (ce que les PN du Québec obtiendront) que l'on pourra rénover environ 25 casernes, acheter de nouveaux équipements et embaucher de nouveaux agents... des nécessités pour seulement rétrécir le faussé qui existe entre les corps policiers autochtones et les corps policiers municipaux.

Enfin, toutes ces sommes ne permettent pas de corriger le sous-financement chronique des Premières Nations, résultat du plafond de 2% imposé depuis 1996 à tous les budgets de fonctionnement et de services destinés aux Premières Nations par le gouvernement fédéral... plafond qui correspond au net à des coupures, compte tenu de l'explosion démographique des communautés... tout ça pendant que le gouvernement enregistrait des profits records!

mercredi 28 janvier 2009

Budget fédéral: des peanuts pour les Premières Nations - 1

Depuis plusieurs années, les Premières Nations souffrent de nombreux problèmes économiques et sociaux. La majorité de ces problèmes est une conséquence directe de la politique canadienne, notamment d'une stratégie d'étranglement fiscal pratiqué depuis 1996 (détails à venir dans mon prochain billet). Le budget d'hier n'est rien venu régler. La meilleur mesure pour les Premières Nations est certainement l'annonce de 400 millions de dollars sur deux ans pour le logement dans les réserves, somme consacrée à de nouveaux projets de logements sociaux, à la remise en état des logements sociaux existants et à des activités de logement complémentaires.

À priori, cette annonce est intéressante, car elle porte sur le logement social, un ''grand oublié'' des dernières annonces. Les Premières Nations ont fait beaucoup de représentations auprès du gouvernement au cours des dernières années pour que celui-ci investisse dans la construction et la rénovation de logements sociaux dans les réserves. Cependant, l'ordre de grandeur est loin de la réalité des besoins en logement social des Premières Nations du Québec. Celles-ci bénéficieront probablement, au mieux, de 40 M$ sur les 400 M$ annoncés, alors qu'il faudrait investir environ 10 fois plus, sur une période de 5 ans, pour répondre aux besoins en logement sociaux des Premières Nations du Qc et du Labrador.

Non seulement la somme ne répond pas aux besoins, mais elle est moindre que ce que le ministre des Finances avait laissé entendre au cours des dernières semaines. Il avait en effet été question d'un montant de 600 millions$ pour le logement des Premières Nations. Où sont passés les 200 millions$ manquants?

(Note: Merci à Guy Latouche, consultant en habitation pour l'APNQL)

lundi 12 janvier 2009

Attention, les Premières Nations ne sont pas des immigrants !

La Chef du Parti Québécois vient d’annoncer la nomination de son « cabinet fantôme ». En confiant à Camil Bouchard (député de Vachon) les responsabilités en matière de « Relations avec les Premières Nations, Immigration et Communautés culturelles », elle envoi un message qui risque de déplaire aux principaux concernés. Les Premières Nations ne sont pas des immigrants. Les dossiers qui les concernent ne sont aucunement assimilables à ceux des communautés culturelles. Les autorités publiques ont habituellement le réflexe de ne pas mettre « Premières Nations » et « communautés culturelles » dans le même panier. À titre d’exemple, la Commission Bouchard-Taylor avait, dès le départ, affirmé que la question des relations avec les Premières Nations –même si elles ont certaines similitudes- ne pouvaient pas faire l’objet de leur mandat, que cette question relevait d’une toute autre dimension nécessitant une réflexion distincte et particulière. La grande majorité des organisations autochtones ont d’ailleurs délibérément refusé de participer à cette commission, justement afin de ne pas confondre les genres.

Après la très mauvaise nomination de Pierre Corbeil à titre de ministre responsable des Affaires autochtones, vertement critiquée par l’ensemble des experts et observateurs, ainsi que dénoncée par les Premières Nations elles-mêmes, on était en mesure de s’attendre à mieux de la nouvelle Chef de l’Opposition officielle. La nomination de Pierre Corbeil a au moins le mérite d’accorder une grande importance au dossier autochtone en assurant qu’un ministre y sera dédié à 100%. On ne peut en dire autant du nouveau critique de l’Opposition officielle. La députation péquiste est pourtant suffisamment nombreuse pour que les responsabilités des relations avec les Premières Nations ne soient diluées avec d’autres responsabilités.


D’autant plus que les relations avec les Premières Nations est d’une importance capitale pour l’avenir du Québec et qu’il s’agit probablement de l’un des plus importants défis qui attend le Québec au cours des prochaines années, notamment dans le développement des régions. Les Premières Nations sont présentement engagées dans une démarche d’affirmation de leurs droits (Déclaration sur un processus d’affirmation de souveraineté, adoptée par l’Assemblée des Chefs le 27 novembre 2008) qui, nécessairement, exigera la définition d’une relation de type « de nation-à-nation ».


Le choix de Pierre Corbeil comme ministre des Affaires autochtones est une erreur parce qu’à titre d’ancien ministre des Ressources naturelles, ses relations avec les Premières Nations étaient (et sont) des plus mauvaises. Quant on sait que l’un des plus importants projets du premier ministre Jean Charest est son « Plan Nord », comment ne pas voir d’un mauvais œil la nomination de l’ancien ministre des Ressources naturelles aux Affaires autochtones ? Comme d’autres observateurs l’ont souligné, c’est un peu comme « faire entrer le loup dans la bergerie ». Dans un récent billet, je qualifiais donc cette nomination de « déclaration de guerre » du premier ministre.


Est-il nécessaire de rappeler que c’est en 1985 (par un gouvernement péquiste justement) que l’Assemblée nationale a reconnu que les Premières Nations forment des « nations distinctes » et qu’elles possèdent des droits particuliers parce qu’elles occupent le territoire actuel du Québec depuis plus de 5 000 ans. Ce ne sont donc pas des immigrants (c’est tout le contraire !) et ne doivent d’aucune façon être traitées comme des minorités culturelles du Québec.


Il faut surtout éviter de considérer les Premières Nations comme une « clientèle », au même titre que « les jeunes », « les femmes », « les communautés culturelles », etc. Les relations entre le Québec et les Premières Nations est d’un tout autre ordre. Et, si l’on veut créer de véritables relations de Nation-à-Nation avec les Premières Nations, il faut commencer par leur accorder le sérieux et l’importance qu’elles méritent.

dimanche 4 janvier 2009

Bonne année !

Je ne peux pas commencer mes rubriques de 2009 sans souhaiter à tous mes fidèles lecteurs la plus belle des années. Je vous souhaite de la santé, bien sûr, ainsi que du succès dans toutes vos activités et entreprises.

De façon plus particulière, je tiens à souhaiter une excellente année à Ghislain Picard et à l'APNQL. 2009 sera certainement une année charnière pour les Premières Nations. Avec le projet de Déclaration de souveraineté, adopté récemment par la Table des Chefs, la nouvelle année débute sous le sceau des plus grands espoirs. Les attentes sont grandes.

Incidemment, je souhaite une bonne année au gouvernement du Québec qui devra savoir répondre de façon satisfaisante aux attentes des Premières Nations, particulièrement à l'égard de la gestion des terres et des ressources. Le défi est de taille et commande une volonté politique qui a malheureusement fait défaut au cours des récentes années.

Enfin, je souhaite une bonne année au gouvernement fédéral -quel qu'il soit, après le retour de la Chambre- qui devra à nouveau se positionner sur la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. Du côté Américain, on s'attend à ce que le nouveau Président Obama modifie la position de son gouvernement afin d'appuyer la Déclaration... ce qui ajoutera de la pression sur le Canada, qui ne voudra certainement pas demeurer l'un des rares pays à ne pas appuyer cette Déclaration (avec la Russie!).

Bonne année à toutes et tous!